chilien pour reprendre l’offensive à l’aube. Avant le jour, deux officiers neutres se présentaient auprès du général Baquedano, porteurs d’une lettre collective du corps diplomatique résidant à Lima, lui demandant une conférence. A sept heures du matin, les ministres de France et d’Angleterre, ainsi que le doyen du corps diplomatique, le ministre de San Salvador, arrivaient au camp par un train spécial. Sur leur demande, le général Baquedano dit être prêt à accorder un armistice sur la base suivante : remise entre ses mains du port militaire du Callao et de la flotte péruvienne ; en attendant leur réponse, il consentait à une suspension d’armes jusqu’à minuit, tout en stipulant que, dans cet intervalle, les deux armées belligérantes seraient libres d’effectuer les mouvemens de position qui leur conviendraient, tout en se maintenant hors de portée et sans engager le feu.
De retour à Miraflorès, où se trouvait le dictateur Pierola, les ministres étrangers lui communiquèrent la réponse du général chilien et le pressèrent d’ouvrir des négociations de paix ; ils insistèrent sur la nécessité d’éviter à Lima le sort de Chorrillos ; ils lui représentèrent que les nombreux comptoirs étrangers de cette ville couraient de grands risques, que la populace, surexcitée, menaçait déjà de pillage en cas de défaite, et que son devoir, en tant que chef militaire et politique de la république, était de négocier avant que la capitale fût aux mains des ennemis ou d’une insurrection victorieuse ; les amiraux anglais et français joignirent leurs instances à celles du corps diplomatique.
Pierola hésitait. Il avait en ligne, derrière les redoutes de Miraflorès, quinze mille hommes de bonnes troupes, renforcées d’heure en heure par les contingens du Callao et de Lima, par des volontaires décidés à lutter jusqu’à la dernière extrémité pour défendre la ville. Il disposait, en outre, d’une puissante artillerie et des munitions du port militaire du Callao ; il savait l’armée chilienne fort éprouvée par ses pertes de la veille, hors d’état de combler ses vides ; enfin il estimait de son devoir de tenir jusqu’au bout et de tenter un dernier effort.
La discussion se prolongeant jusqu’à deux heures de l’après-midi, il retint auprès de lui les ministres et les amiraux étrangers à déjeuner. Ils venaient de se mettre à table quand tout à coup le grondement de l’artillerie, suivi de nombreuses décharges d’infanterie et des clameurs des troupes, se fit entendre. Voici ce qui s’était passé.
Le général chilien, prévenu que, depuis le matin, de nombreux trains de Lima et du Callao amenaient dans les lignes de Miraflorès des renforts considérables, avait voulu se rendre compte par