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croyances. Les jésuites eussent été d’excellens auxiliaires pour la politique et le commerce des Européens ; ils dominaient dans toute la Chine et préparaient petit à petit ce grand peuple à recevoir et à échanger ses richesses avec les peuples de l’Occident. Les lazaristes compromirent tout. »

Cette situation est un exposé très véridique. Il est juste d’affirmer que, partout où le zèle des missionnaires ne s’exercera que sur les esprits, ils ne trouveront aucune hostilité de la part du gouvernement. S’ils ont pour but l’éducation de l’âme par l’observation des principes évangéliques, ils feront bien de les appliquer eux-mêmes avant d’être assurés de rencontrer dans notre empire des sympathies et non des défiances. Que, sous le manteau de la religion, ils cachent des intentions suspectes, ce sont des manœuvres détestées même des Chinois, et personne n’entreprendrait d’excuser des missionnaires qu’un zèle trop ardent a transformés en agens de renseignemens.

Je crois avoir assez dit pour espérer pouvoir obtenir quelque sursis dans l’opinion de ceux qui nous jettent à la tête le nom de barbares. Nous sommes défians, voilà tout ! Mais le moyen de ne pas l’être ?

Dans un siècle où tout s’entreprend, ne trouvera-t-on pas un meilleur système que le protectorat pour définir l’alliance avec les contrées lointaines ? Ne pourrait-on pas apprendre à se connaître de gouvernement à gouvernement et préparer d’un commun accord toutes les concessions que des esprits faits pour s’entendre peuvent se faire mutuellement ? La cause de la civilisation y gagnerait… ce qu’elle perdra à chaque coup de canon. Mais on aime le bruit et la fumée, et les lauriers de la gloire ne fleurissent que sur les ruines.


x. — époques préhistoriques.

Les peuples de l’Occident n’ont pas d’histoire ancienne ; ils ne sont même pas certains de l’authenticité de faits importans qui se sont passés il y a quinze cents ans à peine. Au-delà de l’ère chrétienne, on ne distingue rien de défini : c’est le chaos de l’histoire ; les ténèbres sont suspendues sur le monde occidental.

Plus on s’éloigne des bords du couchant, plus l’obscurité diminue. La lumière grandit à mesure qu’on marche vers l’Orient, le pays du soleil. Voici Rome et les peuples de la péninsule qui nous apportent déjà cinq siècles d’histoire ; puis la Grèce et les colonies asiatiques, qui atteignent dans leurs poèmes le xiie siècle. Pénétrons plus avant sur la terre d’Asie et sur les contrées qui l’avoisinent : nous découvrons les civilisations qui ont brillé d’un vif éclat