Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/627

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nids, que commence véritablement la lutte pour la vie. L’homme cherche à se défendre contre les animaux sauvages et se construit des nids en bois. Il se sert de la peau des animaux pour se couvrir, et les textes font la distinction entre les deux expressions : se couvrir et se vêtir.

L’agriculture est encore inconnue.

Le cinquième empereur est l’empereur du feu. C’est lui qui, par l’observation des phénomènes de la nature, découvrit le feu et indiqua le moyen de le produire. Il enseigna aux hommes la vie domestique ; on lui doit l’institution de l’échange et l’invention des cordes de nœuds pour fixer le souvenir de certains faits importans. La vie sauvage a presque complètement disparu.

Son successeur, Fou-Hy, enseigna aux hommes la pêche, la chasse, l’élève des animaux domestiques. Il proclama les huit diagrammes, c’est-à-dire les principes fondamentaux qui contiennent en essence tous les progrès de la civilisation et qui ont donné naissance à la philosophie. C’est aussi pendant ce règne que s’est organisée la propriété.

Ce grand empereur, que nos livres considèrent comme inspiré par la Providence pour préparer le bonheur des hommes, régla la plupart des institutions qui constituent actuellement les mœurs de la Chine. Il a défini les quatre saisons et réglé le calendrier. Dans son système, le premier jour de l’année est le premier jour du printemps, ce qui correspond à peu près au milieu de l’hiver dans le calendrier en usage chez les peuples de l’Occident. L’institution du mariage, avec toutes ses cérémonies, date de ce règne : le don de fiançailles consistait alors en peaux d’animaux. Il enseigna aux hommes l’orientation en fixant les points cardinaux. Il inventa aussi la musique par la vibration des cordes.

Le successeur de Fou-Hy est Tcheng-Nung, ou empereur de l’agriculture. Il étudia les propriétés des plantes et enseigna le moyen de guérir les maladies. Il entreprit de grands travaux de canalisation ; il fit creuser des rivières et arrêta les progrès de la mer. C’est de son règne que date l’emblème du dragon qui se trouve actuellement dans les armes de l’empereur. L’histoire mentionne l’apparition de ce cheval fantastique comme un événement mystérieux, sorte de prodige assez fréquent dans la plupart des souvenirs de l’antiquité.

Le successeur de Tcheng-Nung est l’empereur Jaune, qui continua l’œuvre commencée par ses prédécesseurs en créant l’observatoire, les instrumens à vent, les costumes, l’ameublement, l’arc, la voiture, le navire, les monnaies. Il publia un livre de médecine. On y lit pour la première fois l’expression de « tâter le pouls. » La valeur des objets fut également réglée ; ainsi il est dit : « Les perles sont