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observatoires à Paris et en province, inauguré des enseignemens dans les facultés de droit et de médecine, surtout dans les facultés des sciences et des lettres.

Ces deux dernières facultés ont été l’objet privilégié de la sollicitude de l’état ; c’est en elles qu’il y avait le plus à réformer ; c’est d’elles et des grands établissemens scientifiques qu’il y a le plus à espérer. On a peine à s’imaginer aujourd’hui combien leur situation était misérable, il y a vingt ans; cinq et même quelquefois quatre professeurs enseignaient dans les facultés des sciences les mathématiques avec l’astronomie, la chimie, la physique, la minéralogie, la géologie, la zoologie, la physiologie ; dans les facultés des lettres, les littératures grecque et latine, française et étrangères, l’histoire, la géographie, la philosophie, chaque professeur faisant deux cours par semaine. Il fallait dédoubler ces chaires pour que le maître ne se perdît plus dans l’immense domaine qu’on lui attribuait, et, en même temps introduire dans ces cadres rigides les sciences nouvelles. On a commencé de le faire : la statistique de 1878 constatait que, depuis 1868, 30 chaires avaient été instituées dans les facultés des sciences et des lettres, qui avaient en outre reçu leur large part des 42 cours complémentaires et des 47 conférences récemment créées. De 1878 à 1884, les facultés des sciences ont reçu les chaires nouvelles et plusieurs laboratoires ; les facultés des lettres 15 chaires nouvelles; il y a aujourd’hui dans les premières 43 maîtrises de conférences et 35 cours complémentaires, dans les secondes 65 cours complémentaires et 46 maîtrises de conférences. Parmi les cours complémentaires, beaucoup sont des chaires en expérience où l’on essaie des enseignemens comme celui du sanscrit, des langues sémitiques, des langues romanes, de la littérature du moyen âge, qui prendront ou même ont déjà pris place dans les cadres officiels. Quant aux maîtrises de conférences, elles complètent l’enseignement donné dans les chaires magistrales, et ceux qui en sont chargés ont pour fonction particulière la préparation des étudians aux grades universitaires. La présence de ces élèves auprès des facultés est la grande innovation de ces dernières années. On les a trouvés là où M. Duruy avait montré qu’il les fallait chercher et où les trouvent les facultés analogues de l’étranger, c’est-à-dire parmi les candidats au professorat. Les bourses d’études, demandées par M. Duruy, ont été fondées au nombre de trois cents par M. Waddington : il y en a aujourd’hui cinq cent soixante-seize ; autour des boursiers se sont groupés en quelques endroits d’autres élèves; il y a aujourd’hui en Sorbonne un millier d’étudians en sciences et en lettres, corporation nouvelle qui a, si nous le voulons bien, un grand avenir.

Ne méconnaissons point, par un effet de cette habitude que nous