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certificat d’études et qu’il fut institué un doctorat ès-sciences médicales : à leur avis, cette institution exigerait la création de laboratoires, peut-être même de chaires nouvelles constituant une sorte de faculté du haut enseignement médical. La question est difficile : récemment soumise par le ministre de l’instruction publique à la délibération des écoles et des facultés de médecine, elle a provoqué les opinions les plus diverses; mais les procès-verbaux du débat et les rapports qui le résument démontrent que l’enseignement scientifique de la médecine est encore à créer. Quant aux facultés de droit, elles rendent de grands services par la préparation aux carrières juridiques, mais on y a fait jusqu’à présent une trop petite place à la science, qui, dans cet ordre d’études, est représentée par l’histoire du droit et par la comparaison entre les législations des différentes époques et des différens pays. Ici encore, il faut organiser un enseignement scientifique. Sans doute ces enseignemens nouveaux s’adresseraient à un petit nombre d’élèves; mais la quantité n’importe guère et nulle part il ne faut autant que dans l’enseignement supérieur se préoccuper des minorités : c’est dans ces minorités qu’il doit recruter ses maîtres.

Les facultés des sciences et des lettres ont sur les deux autres cet avantage que les épreuves de leurs doctorats ont un caractère scientifique; mais ces doctorats ne sont pas des examens subis à la fin des études: la thèse doctorale est une œuvre personnelle, le premier acte de la vie scientifique, et la plupart des candidats sont déjà des professeurs. Les étudians préparent à la faculté les diverses licences et les diverses agrégations et naturellement ils demandent à leurs maîtres de les aider. Ceux-ci leur donnent une large assistance : à cause de cela, ils sont accusés de préparer eux-mêmes la décadence des facultés, en les soumettant à la discipline des examens. Il serait trop aisé de les venger du reproche et de prendre en même temps la défense des étudians en sciences et en lettres, ces nouveau-venus un peu exigeans, mais qui ont apporté dans la maison leur jeunesse et ouvert devant nos yeux la perspective d’un bel avenir pour nos facultés. Mais il est certain qu’il y a des mesures à prendre pour que l’éducation professionnelle de ces jeunes gens ne nuise pas à l’enseignement scientifique et que l’examen des agrégations, par exemple, n’opprime pas comme il fait aujourd’hui les deux grands enseignemens de l’histoire et de la philosophie. Que l’on prenne donc ces mesures : le corps enseignant les désire et il les a lui-même étudiées à l’avance. Il ne faut pas les lui faire trop attendre : on compromettrait l’avenir de facultés qui doivent être les principales dans le système des universités, puisqu’elles ont la charge de dispenser la culture générale.

Lorsque chacune des facultés renouvelées aura été rendue digne