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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/665

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elle se compose de trois îles : l’île du Nord, Te-Ika-a-Mawi des indigènes; l’île du Milieu ou Te-Wahi-Pounamou, séparée de la première par le détroit de Cook, et l’île du Sud, l’île Stewart, séparée de la seconde par le canal de Foveaux. Aujourd’hui on distingue plus volontiers les deux grandes terres sous les noms d’île du Nord et d’île du Sud; la plus australe, qui est de faible importance, est toujours appelée l’île Stewart. Sur une grande longueur de côtes, les terres néo-zélandaises sont profondément découpées. Des caps fort avancés limitent de vastes baies; il y a quantité de havres. Ces baies et ces havres, en général d’un effet charmant et pittoresque, ne présentent point, il est vrai, tous les avantages que recherchent les populations maritimes. Les eaux ne sont point assez profondes pour de grands bâtimens, et il existe à l’entrée des ports des barres souvent redoutables.

Il y a vingt-cinq ans, le naturaliste Ferdinand de Hochstetter, l’un des membres de l’expédition scientifique de la frégate autrichienne la Novara, s’assurait que les trois îles qui composent la Nouvelle-Zélande sont les parties d’un même système géologique, formant sur la mer du Sud une ligne d’élévation dirigée du sud-ouest au nord-est, et interrompue par une autre ligne courant à peu près du sud-est au nord-ouest. C’est la direction de la péninsule du nord, ainsi que des détroits de Cook et de Foveaux, qui, suivant l’observation déjà ancienne du savant Américain James Dana, répond à l’axe d’une grande dépression dans l’Océan-Pacifique. Considérant l’ensemble des terres, on voit une haute chaîne de montagnes allant de la partie la plus occidentale de l’île du Sud, la pointe Windsor, au cap Oriental, la pointe de l’île du Nord la plus avancée vers l’est. Cette puissante chaîne, d’une constitution géologique presque uniforme dans toute son étendue, apparaît comme une simple branche d’un prodigieux massif dont la partie occidentale a été détruite ou submergée.

En général, les sommets s’élèvent à de grandes hauteurs; les passages connus sont encore en très petit nombre, de sorte que, de l’est à l’ouest, la montagne semble opposer une barrière infranchissable. Pour se rendre de la province d’Otago dans la province de Canterbury, on ne rencontre guère que deux chemins et quelques sentiers suivis par des mineurs errans à la découverte.

Les monts Tongariro et Ruapehu, situés l’un près de l’autre vers le centre de l’île du Nord, sont des plus remarquables. La chaîne se dirige vers le sud et se bifurque, laissant un intervalle encore à peine connu. Vers le cap Oriental s’élève l’Hikurangi, une montagne rendue célèbre par une caverne que, dans les traditions des Maoris, on déclare hantée par les monstres les plus horribles. Sur la côte occidentale, dans le district de Taranaki, se dresse le