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cris. Le vacarme, parfois assourdissant, qui retentit sur divers points du littoral contraste singulièrement avec le silence qui règne en plus d’un endroit de l’intérieur des terres. Si, en la saison printanière, on met le pied sur une rive inhabitée par les hommes ou sur les îlots battus des violentes tempêtes des mers australes, on observe souvent par légions les oiseaux de mer qui construisent leurs nids dans les creux des rochers ou des falaises. En réalité, ces oiseaux ne sont pas du pays ; ils ont pour domaine au moins l’Océan-Pacifique, plusieurs tout l’hémisphère sud, quelques-uns la circonférence entière du globe.

Dans les détroits de Cook et de Foveaux, aux îles Auckland, à Campbell et à Macquarie, on ne remarque pas seulement les tourbillons des bêtes emplumées qui traversent les airs, il y a encore les oiseaux nageurs, les manchots. Chez ces créatures, les ailes sont des rames et les plumes qui les couvrent ont pris l’aspect d’écailles. Voici le grand manchot à aigrette d’or[1] ; haut de plus de 0m, 60, il a les parties supérieures du corps d’un noir bleu, et les parties inférieures d’un blanc d’argent, avec deux raies jaunes sur la tête. Les navigateurs l’ont rencontré bien au-delà du cercle antarctique, tantôt à la nage, tantôt dressé sur quelque glaçon. Deux autres espèces de moins fortes proportions fréquentent aussi les côtes des Iles néo-zélandaises. À terre, où les manchots établissent les berceaux de leur postérité, on les trouve parfois réunis en troupes nombreuses ; ils viennent sans crainte près de l’homme et semblent de la voix et de l’attitude chercher à lui dire qu’ils l’accueillent dans leur compagnie.

Que le regard se porte vers le ciel, on est à certains jours frappé de la multitude des mouettes, les unes semblables à relier d’Europe, les autres à peine différentes par quelques signes extérieurs. Au commencement de la belle saison, elles s’emparent des trous de rochers ou se fixent sur des grèves désertes, et de brins d’herbe confectionnent des nids grossiers. Les sternes, partout connus sous le nom d’hirondelles de mer, plus sveltes et plus mignonnes que les mouettes, se répandent aux mêmes lieux. Une de ces sternes ne se distingue en aucune façon d’une espèce européenne et asiatique[2], tandis que les autres se rencontrent d’une manière exclusive dans le Pacifique. Il y a tout un monde de pétrels, les fameux oiseaux des tempêtes ; les naturalistes de la Nouvelle-Zélande n’en reconnaissent pas moins de neuf ou dix parfaitement distincts. Le fou est représenté par l’espèce qui fréquente l’Australie[3], l’albatros,

  1. Aptenodytes chrysoconusi. Les manchots sont ordinairement confondus avec les pingouins par les navigateurs.
  2. Sterna caspia.
  3. Sulas errator.