l’oiseau mouton, ainsi que l’appellent les marins, abonde encore dans l’Océan-Pacifique. Au mois de novembre, qui répond à notre mois d’avril, sur les îlots, sur les côtes désertes de Té-Wahi-Pounamou, sur les îles Auckland, règne une étonnante animation; les oiseaux de mer sont en pleine fête amoureuse. Dans les anfractuosités des roches ou des falaises et sur des monticules, les albatros, d’herbes et de feuilles enchevêtrées, bâtissent d’énormes nids pour l’œuf unique que dépose la femelle. Tous les cormorans du globe paraissent s’être rassemblés sur les côtes des terres néo-zélandaises; on y voit même le cormoran d’Europe.
Sur les lacs vivent différens canards au plumage bigarré; deux ou trois espèces semblent n’avoir pas d’autre patrie, tandis que la plupart habitent également d’autres contrées. Il en est de même pour les hérons et les pluviers. Les espèces du groupe des raies et des poules d’eau sont assez variées ; les unes se trouvent également répandues à la Nouvelle-Hollande et dans les archipels du Pacifique, les autres n’existent que sur les terres néo-zélandaises, comme les ocydromes, incapables de voler à raison de leurs ailes presque rudimentaires. Le gibier le plus ordinaire des Maoris était l’ocydrome austral, oiseau de belle taille, fort agile à la course. Aujourd’hui, l’animal encore abondant sur les plateaux et dans les bois des alpes de l’île du Sud ainsi qu’à l’île Stewart[1], devient rare dans l’île du Nord. L’ocydrome est accusé de beaucoup de méfaits; c’est, dit-on, un voleur qui pénètre dans les poulaillers, et de son bec pique les œufs afin d’en humer le contenu; séduit comme les pies par tout ce qui brille, il emporte et cache les objets en métal[2]. Une poule sultane, qu’on rencontre d’ailleurs en Australie et à la Nouvelle-Calédonie, fréquente les endroits marécageux[3]. Des ossemens d’un oiseau de la même famille avaient été recueillis ; on supposait l’espèce éteinte, lorsqu’un jour, à la baie Dusky, on en prit deux individus vivans : bêtes magnifiques au bec rouge de corail et au plumage bleu, à reflets métalliques[4] ; selon toute apparence, ils étaient les derniers de leur race.
Assez peu nombreuses paraissent les espèces d’oiseaux terrestres, si la pensée se porte sur les contrées qui ont reçu de la nature les plus grandes faveurs. En quelques lieux, on est égayé par le ramage des chanteurs des bois, mais il y a des solitudes où le silence est absolu. La vie semble éteinte ; c’est lugubre et l’on en éprouve une sorte d’oppression. Les oiseaux terrestres de la Nouvelle-Zélande