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nourriture. Leur fécondité est très restreinte; chaque femelle ne pond qu’un seul œuf, de dimension énorme, à d’assez longs intervalles. Au temps où ces êtres n’avaient point d’ennemis à redouter, leur propagation était suffisante. Depuis l’introduction des chiens dans le pays, ils ont été chassés sans miséricorde. On n’a pas réussi à les faire vivre en captivité ; bientôt on n’aura plus que les descriptions, les images et les dépouilles conservées dans les musées pour garder le souvenir des aptéryx.

Les oiseaux les plus remarquables de la Nouvelle-Zélande ont cessé d’exister. C’étaient des coureurs du type des autruches et des casoars, certains d’entre eux ayant à peu près la taille de la girafe. Les premiers habitans des terres dont le capitaine Cook a tracé la première carte, les ont connus et les ont appelés du nom de moas. La tradition a gardé le souvenir de ces êtres extraordinaires, et le nom est demeuré dans la langue des Maoris. Au cours de l’année 1839, un voyageur à la Nouvelle-Zélande, qui devait à son père un nom honoré dans la science, M. Mantell, découvrait, en explorant certaines cavernes, les os d’un oiseau gigantesque enfouis au milieu de stalagmites. Ces pièces, envoyées en Angleterre à M. Richard Owen, devinrent l’objet d’une étude attentive de la part de l’éminent naturaliste, et bientôt on vit, dressé dans une salle du collège des chirurgiens de Londres, le squelette de l’énorme oiseau qui reçut la dénomination de Dinornis géant. — Le squelette d’une autruche, placé pour offrir un terme de comparaison, faisait ressortir la taille de son voisin. Depuis, on a tiré de différentes grottes, d’excavations ouvertes dans les rochers qui bordent la mer, de foyers des anciens Maoris, du fond des torrens, de la vase de quelques marais, de nombreux ossemens des grands oiseaux coureurs. M. Richard Owen a pu reconstituer les squelettes de plusieurs espèces de proportions inégales qu’il a classées dans les genres dinornis et palapteryx.

On s’est considérablement préoccupé de l’époque de l’extinction des fameux Moas ; si un investigateur, M. Haast, put concevoir l’idée que ces oiseaux avaient déjà disparu au temps de la dernière invasion des Maoris, et que les ossemens répandus dans les plaines de Canterbury gisaient sur le sol à une date antérieure à la migration de Hawaïki, des preuves manifestes d’une extinction récente ont frappé la plupart des observateurs. Le docteur Hector avait découvert dans la province d’Otago le squelette d’un embryon de moa avec la coquille qui le contenait, ainsi que les vertèbres cervicales d’un individu de grande taille, conservant la peau, en partie couverte de plumes, attachées par les muscles et les ligamens; ailleurs, un sujet très parfait encore garni à diverses places de tendons,