ce sens qu’elle aurait pu être utilement dirigée ; mais il est bien clair que ce qu’on prépare n’a rien de sérieux, que ce n’est qu’une manière de mesurer les concessions par lesquelles on croit désarmer les passions extrêmes. M. le président du conseil ne compte pas apparemment fortifier le sénat en créant quelques électeurs de plus choisis dans les municipalités ou en imaginant cette combinaison de sénateurs élus par les deux assemblées réunies. Ce ne sont là que de médiocres expédiens d’élection, et, pour le moment, ce qu’il y a de plus positif, de plus sensible dans les propositions ministérielles, c’est l’affaiblissement des attributions financières du sénat. Voilà le point essentiel, le grand but dès longtemps poursuivi, et ici on peut se donner le spectacle de la singulière logique des partis, de leurs aveuglemens et de leurs passions.
Depuis quelques anuées, il y a, entre bien d’autres, un fait évident, frappant, c’est l’aggravation incessante de la situation financière de la France. Le mal est arrivé aujourd’hui à un tel point, qu’on ne sait plus comment suffire aux déficits croissans et que la commission du budget est réduite à imaginer toute sorte de puériles réductions de dépenses dans les services qui lui déplaisent, particulièrement, cela va sans dire, dans la dotation des cultes. Diminution des recettes, augmentation des crédits de tout genre, voilà le fait ! C’est sans doute l’œuvre du gouvernement, c’est aussi l’œuvre des chambres, qui ne l’ont pas arrêté dans cette voie ruineuse. Quel a été cependant le rôle de chacune des deux assemblées ? Il en est une, la chambre des députés, qui a été la complice de l’abus organisé de toutes bs ressources publiques. Elle s’est prêtée à toutes les fantaisies, aux exagérations de dépenses, aux augmentations de traitemens, aux entreprises démesurées, aux emprunts qui ont épuisé le crédit. Toutes les fois qu’elle a cru servir un intérêt de parti ou se faire une popularité équivoque par des dotations nouvelles, elle a donné ses suffrages sans compter. Elle a voté 10 millions de pensions pour les victimes de décembre. Elle a voté 4 ou 5 millions pour une réforme judiciaire qui répondait à ses passions et dont l’unique effet a été d’affaiblir la magistrature française. Elle n’a jamais eu assez de millions pour les travaux ruineux, pour les constructions d’écoles fastueuses. Bref, elle a uni, dans un règne de quelques années, par dévorer la prospérité qui lui avait été léguée, en augmentant la dette de plusieurs milliards, le budget de 4 ou 500 millions. Elle n’a commencé à s’arrêter, à réfléchir que lorsqu’elle s’est trouvée en face du déficit, des finances obérées, de toute une situation compromise. Voilà son œuvre ! Il y a une autre assemblée, le sénat, dont le rôle a été assez différent. Le sénat n’a point, certes, tout empêché, il n’avait pas assez de pouvoir. Depuis longtemps, du moins, il n’a cessé de signaler le danger de la politique financière qu’on suivait, des dépenses exagérées, des entreprises