C’est une mauvaise raison, à mon sens. On peut seulement dire que c’est un pays riche en riches. C’est donc un point de vue exceptionnel. Cependant, parlez des Anglais en France, on dira toujours qu’ils sont riches, c’est une idée fixe. Il ne faut donc plus s’étonner qu’il y en ait tant au sujet de nos mœurs.
C’est l’application de la formule : Ab uno disce omnes, formule qui sera toujours appliquée parce que le temps manque pour discerner le vrai des choses. Les à-peu-près suffisent amplement ; on prend une note sur un carnet, on en fait un volume. Cela s’appelle de l’assimilation.
J’ai pris soin de noter presque jour par jour les divers incidens de ma vie parisienne, et je me suis plu à les classer en les réunissant dans deux portefeuilles, dont l’un a pour titre : Points d’interrogation, et l’autre : Points d’exclamation. Mon lecteur reconnaîtra facilement les uns et les autres, et je m’épargnerai ainsi le désagrément de paraître toujours questionner ou m’étonner.
J’ai dit quelles raisons avaient décidé nos législateurs à séparer la société des hommes de celle des femmes. J’ai fréquenté en Europe et surtout à Paris, les sociétés de conversation ; elles m’ont particulièrement charmé. Autrefois, m’a-t-on dit, on aimait à se rencontrer dans le monde des élégans de l’esprit, et les salons étaient plus recherchés qu’aujourd’hui. J’ai vu dans ceux qui existent encore des femmes charmantes, très attachées aux choses de l’esprit, les adoptant quelquefois par goût, quelquefois par méthode, pour se venger de la politique qui absorbe leurs maris, — ou pour faire diversion à la nullité de ceux-ci, quand elle est devenue incurable.
Dans les salons dignes encore de ce nom, la femme a toujours la souveraineté de l’esprit ; c’est peut-être la cause pour laquelle les salons ont disparu. Les hommes, peu flattés d’être vus au vif de leur insuffisance, ont cessé d’apprécier ces sortes de réunions, où leurs infirmités intellectuelles servaient le plus souvent de cibles : il ne faut pas trop leur en vouloir. Il est toujours excessivement fâcheux d’être classé parmi les nigauds ou les bornés par une femme éclairée.
Quelle merveilleuse chose que l’esprit de la femme ! Cela est indéfinissable : c’est à la fois léger et profond ; c’est vraiment délicieux, et lorsque deux jolis yeux scintillent au milieu des éclats de rire de ce lutin qui ne se pose nulle part et qui voltige partout, semblable au papillon dans un rayon de soleil, c’est une perfection qui laisse bien loin dans l’oubli les habits noirs et leurs prétentions.
Ma profession de foi est bien facile à faire : elle a pour idéal l’esprit de la femme. Ne me demandez pas lequel ? Il n’y a pas de type à fixer ; je l’ai quelquefois rencontré et ce fut un éclair