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les plus nombreux et les plus intéressans. Ce n’est plus en Grèce d’ailleurs, c’est en Italie que nous les rencontrerons, car, nous le savons, toutes les œuvres de ce genre que possédait la Grèce ont été détruites.

Avant un certain Ludius, qui nous est présenté par Pline comme ayant eu le premier, au temps d’Auguste, l’idée de peindre des paysages sur les murailles, Vitruve avait déjà parlé de pareilles représentations comme usitées dans l’antiquité. Postérieurement à ces deux auteurs, un sophiste, Philostrate l’Ancien, dans la description qu’il nous a laissée d’une galerie de soixante-quatre tableaux, nous donne sur le paysage tel qu’il était compris de son temps les détails les plus circonstanciés. Cet écrit de Philostrate a été l’objet de nombreux travaux, tant en France qu’en Allemagne[1], et la question de savoir si la galerie dont il parle existait réellement y a été longuement débattue. Son existence, qui paraît aujourd’hui assez probable, peut d’ailleurs se concilier avec l’opinion que, suivant les habitudes de cette époque, le sophiste, dans ses descriptions, a bien pu aussi se laisser entraîner à des développemens qui s’écartaient parfois de la vérité. Quoi qu’il en soit, ces descriptions concordant d’une manière assez exacte avec l’état de l’art à ce moment, et leurs indications nous étant confirmées par les peintures anciennes qui sont parvenues jusqu’à nous, il nous paraît préférable de recourir pour notre étude à ces peintures elles-mêmes, sans nous attarder plus longtemps aux informations, toujours moins positives, que nous trouverions chez les écrivains.

Parmi les peintures antiques qui nous ont été conservées, celles qui proviennent de Pompéi sont de beaucoup les plus nombreuses ; mais, avant d’examiner celles d’entre elles qui peuvent nous intéresser, il convient d’en mentionner d’autres qui, plus récemment découvertes dans Rome ou aux environs, l’emportent cependant sur elles par leur valeur artistique et la grandeur de leurs dimensions, bien que l’exécution en soit antérieure. La première série de ces paysages, — ceux qui ont été trouvés de 1848 à 1850 sur le mont Esquilin, — formait originairement une suite de huit panneaux, dont six seulement et la moitié d’un septième sont demeurés intacts[2]. Les trois scènes différentes que nous offre cette suite se rapportent à un ordre de sujets très en vogue chez les anciens

  1. Après les études, souvent contradictoires, qui lui ont été consacrées en Allemagne par MM. Brunn, Friedrichs et F. Magz, Philostrate a fourni récemment la matière de deux thèses soutenues à la Sorbonne par MM. Bougot et Bertrand.
  2. Ces peintures, aujourd’hui déposées à la bibliothèque du Vatican, dans la salle même où se trouvent les Noces Aldobrandines, ont été l’objet d’une étude spéciale de M. Woermann : Die antiken Odyssee-Landschaften vom Esquilinischen Hügel zu Rom, in-f° ; Munich, Th. Ackermann. 1876.