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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/924

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leurs membres grêles ne résistent pas à de longues fatigues. Industrieux, ils savent fondre le minerai de fer; ils ont eu des imprimeries, des fabriques d’armes à feu ; il y eut même une époque, sous le règne de Radama II, où les modes françaises furent portées par les élégantes de leur capitale.

La puissance des Hovas date de 1813, du règne de Radama Ier, et ce n’est qu’en janvier 1883 que nous leur fîmes résolument la guerre. Les expéditions de Gourbeyre en 1829, l’évacuation de Tintingue sous Louis-Philippe et la tentative malheureuse du commandant Romain-Desfossés, en 1845, ne peuvent pas être considérées comme des essais bien sérieux d’occupation. De nos jours, il n’en a plus été ainsi, car nous avons à signaler les prises de Tamatave et de Majunga par l’amiral Pierre, le bombardement par l’amiral Galiber des principaux villages du littoral : Foulepoinle, Manambo, Manabor, Vohemor, Antombouk, Mahela, Bemazorenama et Fort-Dauphin. Il a fallu ces actes de vigueur pour décider les Hovas à ouvrir des pourparlers de paix, qui, comme nous l’avons dit, ne sont pas encore terminés. Le croira-t-on? ces faits d’armes nous ont coûté un tué et un blessé, et si, après l’occupation de Tamatave et de Majunga, une maladie cruelle n’eût mortellement frappé l’héroïque amiral Pierre, pas une ombre de tristesse ne se mêlerait à la joie patriotique que nous éprouvons en présence des résultats déjà obtenus.

Quelles sont les raisons qui ont motivé dans ces derrières années une démonstration de nos forces sur les côtes de Madagascar? Sans remonter aux droits imprescriptibles que la France possède depuis le XVIIe siècle sur cette île et que les Hovas refusent de reconnaître, nous parlerons seulement de faits relativement récens, des traités passés en 1840 et 1841 entre nous et les chefs des Sakalaves, nos amis, et les conventions qui furent signées en 1863 et 1868 par la reine des Hovas, nos ennemis, Ranavalo II, et le gouvernement de Napoléon III.

En 1840 et 1841, les Sakalaves, indigènes de Madagascar, qui occupent la côte ouest de cette île, persécutés, dépouillés, soumis à la plus odieuse des servitudes par les Hovas, s’adressèrent à la France, lui demandant aide et protection. La France, qui, à cette époque, ne songeait qu’à la paix, qui la voulait partout et toujours, accueillit favorablement une requête qu’elle ne pouvait repousser sans renier les traditions glorieuses laissées dans ces parages par notre pavillon. Seulement elle borna sa protection, — si un tel mot peut être employé, — à prendre possession de la petite île de Nossi-Bé, voisine de Madagascar, et ce fut tout. Sans même songer à tirer parti de la proximité de la grande terre pour y créer un