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REVUE DRAMATIQUE

Comédie-Française : la Duchesse Martin, comédie en 1 acte, de M. Henri Meilhac. — Le Député de Bombignac, comédie en 3 actes, de M. Alexandre Bisson.

« En ce temps-là, dit M. Sarrey, on n’admettait comme dignes du Théâtre-Français que les comédies sérieuses. Ces aimables bagatelles, nées sur les planches du Théâtre des Italiens, un théâtre de genre, comme nous dirions à cette heure, n’imposaient point au public. Il était trop spirituel et trop raffiné pour n’en pas sentir l’agrément; mais il les traitait de légères, il les regardait comme de jolies bluettes sans conséquence. On l’eût bien étonné si on lui eût dit que, de toutes les comédies qui passaient devant ses yeux, la postérité ne garderait qu’une douzaine de pièces tout au plus, dont quatre ou cinq appartiendraient à Marivaux[1]. »

Car c’est de Marivaux qu’il s’agit et non de M. Meilhac : on pouvait s’y tromper, tant ce temps-là ressemble au nôtre ! Au lieu « d’Italiens, » qu’il entende « Variétés: » l’auteur de la Duchesse Martin pourra prendre ce passage à son compte. Aussi bien, voilà trois ou quatre fois à peine qu’il se risque à la Comédie-Française, et, pour la première fois, il s’y risque seul. «Des six pièces de notre auteur qui sont restées au répertoire, — dit le consciencieux historien de Marivaux, M-Larroumet[2], — une seule, le Legs, fut jouée d’original à la Comédie-Française. » Marivaux lui-même ajouterait que le Legs était

  1. Préface du Théâtre choisi de Marivaux; Jouaust, éditeur.
  2. Marivaux, sa vie et ses œuvres, par Gustave Larroumet; Hachette, éditeur.