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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/956

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a l’ambition de fonder ce gouvernement sérieux dont parlait, à Amiens, M. le ministre de l’intérieur, a eu depuis quelques jours deux belles occasions de se montrer un homme politique : il n’avait qu’à ne pas présenter la revision et à intervenir résolument pour montrer le danger de cette loi militaire. Il a fait, lui aussi, tout le contraire de ce qu’il devait, et il n’aura probablement réussi qu’à préparer des embarras fort lourds pour lui-même et pour la république, toujours menaçans pour le pays. À défaut de grands événemens faits pour troubler le monde et heureusement peu vraisemblables pour cet été, les incidens ne manquent pas dans plus d’un pays, et ils ne sont pas sans intérêt. Il y a les incidens de cette question égyptienne, qui reste toujours l’objet des négociations, des délibérations de l’Europe et qui peut même avoir ses contre-coups dans la situation intérieure de l’Angleterre. Il y a, en Belgique, ces élections d’hier, qui sont un vrai coup de théâtre, qui changent la majorité du parlement, renversent un ministère, et, à côté de la Belgique, il y a, en Hollande, le commencement de ce qu’on pourrait appeler, ce qui pourrait devenir une crise de succession dynastique. Il y a, au-delà des mers, les préliminaires de l’élection d’un nouveau président aux États-Unis. Un peu partout, il y a toutes ces affaires qui se succèdent sans interruption, souvent sans bruit, et qui sont la vie des peuples, qui occupent tous les jours gouvernemens et parlemens.

Va-t-il décidément y avoir une conférence nouvelle de l’Europe pour régler les affaires de l’Égypte ? Ces quelques jours pendant lesquels le parlement anglais a été séparé pour les vacances de la Pentecôte, ont-ils profité aux négociations préliminaires engagées entre l’Angleterre et la France ? Un jour, on a dit que ces négociations étaient interrompues ; un autre jour, on a prétendu qu’elles étaient reprises. Le fait est que le secret a été bien gardé, qu’on a parlé un peu au hasard, qu’on n’est pas beaucoup mieux fixé encore aujourd’hui. Ce qu’on sait seulement par M. Gladstone, qui l’a dit au retour du parlement, c’est que « les négociations du cabinet de Londres avec la France sont arrivées à un tel point qu’on espère pouvoir, dans quelques jours, consulter les autres puissances. » M. Gladstone, en exprimant l’espoir de pouvoir faire la semaine prochaine de plus amples communications au parlement, a, de plus, conseillé à ses compatriotes de se tenir jusque-là en garde contre les versions erronées répandues par les journaux. Le seul fait certain, c’est donc l’existence d’un accord des deux puissances qui était comm.e la condition préliminaire de la réunion de la conférence européenne. En quoi consiste cet accord ? Implique-t-il une limitation quelconque de l’occupation anglaise dans la vallée du Nil, la reconstitution ou l’extension du contrôle international sur les finances égyptiennes ? Sans trop s’arrêter à tout ce qu’ont dit ces journaux impatiens de nouvelles dont a parlé M. Gladstone, on peut croire