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LES MONUMENS
DE LA
RENAISSANCE FRANCAISE
DANS LA CHAPELLE DU CHATEAU DE CHANTILLY

Les Plus Excellens Bastimens de France, d’Androuet Du Cerceau, parurent en deux parties : la première en 1576, la seconde en 1579. Cet ouvrage, commencé dès 1550, était le produit d’une situation unique. Dans aucun temps on n’avait vu le sentiment de l’architecture s’emparer à tel point d’un pays et arriver en aussi peu d’années à un plus complet développement. Où donc trouver, dans l’espace de cinquante ans, de 1515 à 1570, vingt-quatre maisons royales ou particulières de l’importance d’Anet et de Chambord, sans compter les innombrables habitations d’un ordre moins élevé dont les restes font encore notre admiration sur une partie du sol de l’ancienne France ? Que de modèles achevés de goût, d’élégance et de grandeur ! Que de magnificences, qui auraient défié les ravages du temps, si la barbarie des hommes ne s’était acharnée contre elles ! Verneuil, Madrid, Creil, Montargis, les Tuileries n’existent plus. Vincennes, le Louvre, Gaillon, Blois, Amboise, Fontainebleau, Villers-Cotterets, Écouen, Chantilly, ne nous apparaissent que mutilés et défigurés. Parmi tant de châteaux célèbres, dont les noms résonnent comme des fanfares, c’est Chantilly seul qui va nous retenir, et, dans Chantilly même, c’est sur un point unique que nous nous arrêterons, parce que tout un groupe de monumens appartenant à la renaissance française est venu, sous une influence propice, s’y réfugier de nos jours… Avant de pénétrer dans ce sanctuaire et d’entrer au vif de notre sujet, jetons un regard d’ensemble sur une résidence qui fait partie de notre histoire.