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et la Descente de croix, de Mayence ; et, des nombreuses verrières qu’on lui attribue, une seule est indéniable, la verrière de la cathédrale de Sens. Il en est de même des Clouet. C’est à peine si l’on connaît avec certitude quelques portraits de François Clouet, le plus grand des Clouet. Corneille de Lyon n’a peut-être pas à son actif une seule peinture authentique, et l’on n’est pas parvenu davantage à percer l’obscurité qui entoure les œuvres des premiers Dumoustier. De toute cette époque d’apparence si remplie que nous reste-t-il d’œuvres vraiment françaises ? Si peu de chose que, en y comprenant même les époques antérieures, tout ce qu’on a pu recueillir de la peinture française des XIVe, XVe et XVIe siècles n’est pas à l’étroit dans une des plus petites salles du musée du Louvre. Et encore, sur la plupart des œuvres qui s’y trouvent, est-il impossible de mettre avec certitude aucun nom ? .. Les verrières de Chantilly nous trouvent tout aussi dépourvu d’informations devant elles. Quel en est l’auteur ? On l’ignore. Sont-elles d’une seule et même main ? Cela paraît invraisemblable et cela est certain cependant. On peut à peine indiquer les artistes qu’il conviendrait de nommer de préférence. Cousin, Primatice, ainsi que les peintres verriers de Beauvais, Leprince, les Angrand, les Le Pot, etc., ont été mis en avant, sans que le moindre titre puisse établir le droit de chacun d’eux. Ces peintures n’en ont pas moins un intérêt considérable. Elles permettent d’embrasser d’un coup d’œil des points de vue divergens, et sont comme le résumé des influences étrangères sous lesquelles le génie de la peinture française s’est presque complètement éclipsé durant plus d’un siècle[1].


III

Nous venons de voir que tout ce qu’on a pu réunir de tableaux français du XVIe siècle est insuffisant pour garnir un simple cabinet

  1. Deux autres tableaux en grisaille, peints également sur verre et représentant la Nativité et la Circoncision, décoraient aussi la chapelle d’Écouen et ont pris place dans les édicules latéraux de la chapelle de Chantilly. Ils semblent être de la même main que les vitraux de Psyché. D’après Lenoir, ces vitraux auraient été exécutés par Bernard Palissy sur les dessins de Primatice. En tous cas, ils fournissent une preuve de plus de la suprématie des peintres ultramontains dans notre école du XVIe siècle et du goût particulier d’Anne de Montmorency pour la peinture italienne. Outre ces peintures sur verre, le connétable avait, dans la chapelle, une copie de la Cène de Léonard de Vinci, par Marco d’Oggione, une Mise au tombeau, par Rosso, et une Nativité, que Mariette attribue à Jean de Gourmont, peintre-graveur français, qui se peut confondre avec les Flamands de cette époque. Ces trois tableaux sont au Musée du Louvre.