plus que je ne le faisais paraître… S’il en meurt, je ne suis pas pour faire des bassesses, dût-il m’en revenir le royaume de France. Jusqu’à présent je me suis conduit (sic) tel qu’il me convient, avec dignité ; je me soutiendrai toujours dans le même goût, c’est le seul moyen de me faire respecter, de faire revenir le public pour moi et de conserver la considération que je crois que je mérite. J’oublie de vous dire, sur ce que le Soissons se défend d’avoir parlé au roi de Mme de Lauraguais, que je le croirais assez, et que j’ai pensé dès le premier moment que cela venait du roi, par bonté pour moi et pour que nous ne fussions pas séparées, et pour que ma sœur fût ma consolation ; mais il ne faut pas le dire, parce que cela justifierait le Soissons, et qu’en vérité je ne suis pas payée pour cela… Je suis persuadée qu’il recevra la reine tout au mieux et qu’il lui fera cent mille amitiés parce qu’il se croit des torts avec elle et obligé de les réparer. Vous me manderez quelles sont les dames qu’elle a amenées. S’il en revient, cher oncle, que ce sera joli ! Vous verrez : je suis persuadée que ceci est une grâce du ciel et que les méchans périront. Si nous nous tirons de cela, vous conviendrez que notre étoile nous conduira bien loin. »
Mais le lendemain, arrivée au lieu où elle annonçait le dessein de rester et d’attendre, comme rien ne vient, elle sent bien qu’il faut obéir. « Ne soyez pas effrayé, écrit-elle, de ma proposition de rester ici : ma lettre n’était pas partie, que je fis réflexion que cela serait ridicule, et nous partirons demain sans faute ; mais c’est assez simple que ma tête se trouve égarée par-ci par-là. Soyez tranquille, je vous promets que je vais tout de suite à Paris… Je vous donne ma parole d’honneur que je ne paresse plus… Tout ceci est bien terrible et me donne un furieux dégoût pour le pays que j’ai habité bien malgré moi, et, bien loin de désirer d’y retourner un jour, je ne pourrai pas m’y résoudre. Tout ce que je voudrais par la suite, c’est qu’on réparât l’affront qu’on m’a faite (sic) et n’être pas déshonorée. Voilà, je vous assure, mon unique ambition. Bonsoir, je ne peux pas vous en dire davante, étant mourante. »
Puis elle reprend la plume. Ne dit-on pas que sa sœur de Flavacourt accompagne la reine ? « Elle mériterait bien que M. de Soissons lui donne une petite marque de sa bonté ; je n’en désespère pas, ou elle viendra peut-être du roi, cela serait assez plaisant. Ah ! mon Dieu, qu’est-ce que tout ceci ? Je vous donne ma parole que voilà qui est fini pour moi. Il faudrait être une grande folle pour avoir envie de s’y embarquer et vous savez combien peu j’étais flattée et éblouie de toutes les grandeurs, et que si je m’en étais crue, je n’en serais pas là. Il faut prendre son parti et n’y plus