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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 64.djvu/406

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entre le point de départ et le point d’arrivée ; trains qui sont l’exception en Italie, et ils se sont, en outre, retranchés derrière la dépense considérable que l’emploi de ces freins entraînerait. La commission s’est également arrêtée devant cette considération, se bornant à émettre le vœu qu’un progrès réalisé dans toutes les exploitations européennes pût, un jour, être introduit en Italie. Elle a insisté au contraire avec beaucoup de force sur la nécessité d’augmenter le matériel roulant, faisant ainsi écho au grief le plus fréquemment exprimé par le commerce italien et par tous ses représentans. Le mal est grand, en effet. Il résulte d’un tableau dressé par les soins de la commission et présentant la proportion du matériel roulant employé, en 1878, sur les trois réseaux italiens et sur onze des réseaux européens, que si l’on se borne à comparer le nombre des véhicules par rapport à la recette brute réalisée, le matériel italien ne serait pas trop au-dessous des proportions usitées dans les autres pays ; mais ce serait là une indication trompeuse : la véritable conclusion à en tirer serait que le trafic est moins abondant et moins productif sur les lignes italiennes. Les choses changent d’aspect si l’on compare le nombre des véhicules, par rapport au nombre des kilomètres exploités ; et c’est là le point capital. Plus un réseau comprend de lignes d’une grande longueur, et plus il a besoin d’un matériel roulant considérable, parce que les véhicules vont s’éparpillant de gare en gare et mettent plus de temps à revenir au point de départ. Tel est particulièrement le cas de la Compagnie des chemins méridionaux, qui n’a presque point de lignes à petit parcours et qui éprouve de sérieuses difficultés à ramener à ses gares terminales de Reggio, Otrante, et Bologne les véhicules nécessaires à l’organisation de ses trains. Les compagnies italiennes ne se tirent d’embarras qu’en multipliant les transbordemens. Le tableau dressé par la commission prouve que, pour ne pas demeurer trop au-dessous des proportions usitées sur les autres réseaux européens, les trois réseaux italiens auraient dû augmenter de 25 à 30 pour 100 le nombre de leurs voitures à voyageurs ; la Haute-Italie aurait dû accroître de 50 pour 100 le nombre de ses locomotives ; et les deux autres auraient dû doubler le nombre des leurs ; enfin, le nombre des wagons à marchandises aurait dû être doublé sur les lignes de la Haute-Italie et triplé sur les deux autres réseaux. L’explication de cette insuffisance de matériel est fort simple ; du jour où la question du rachat a été soulevée, les compagnies ont cessé toute acquisition de matériel, se bornant à remplacer les véhicules absolument hors d’usage et impossibles à réparer.

Depuis 1878, la situation n’a fait qu’empirer, car le gouvernement italien s’est trouvé, faute de fonds, hors d’état d’ajouter au