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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 64.djvu/408

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jusqu’à cinq heures du matin, sans un retard du train de Bologne, qui leur permit de mettre à profit un avertissement charitable.

Les retards sont, du reste, la règle sur les lignes italiennes. Cela tient à ce que la presque totalité des lignes sont à voie unique et à ce qu’il n’a pas été donné, par économie, un développement suffisant aux croisemens et aux voies d’évitement. Une voie unique peut suffire, même à un trafic assez considérable, mais sur les lignes de peu d’étendue ; sur des lignes aussi longues que la plupart des lignes de la Péninsule, le moindre accident, un arrêt trop prolongé, déterminent un retard qui se reproduit de gare en gare en s’aggravant. Aussi dit-on communément à Rome, qu’il n’y a que le roi et le ministre des travaux publics qui soient à peu près sûrs d’arriver à l’heure. Le train qui devrait être le plus exact, le train-poste qui apporte à Rome les correspondances d’Angleterre et de France, arrive, en moyenne, cinq jours par semaine avec des retards de trois et quatre heures et quelquefois davantage. Qu’on juge par là des retards qui se produisent sur les autres lignes. Au mois d’octobre dernier, un voyageur en pénitence dans une gare de Lombardie parcourut, pour occuper ce loisir forcé, le registre destiné à recevoir les plaintes. Il y lut, non sans quelque surprise, et il s’empressa de copier et de communiquer à un journal une réclamation des plus vives contre l’inexactitude constante des trains sur les lignes lombardes. Cette plainte était signée : Valsecchi, député. Mais le plaignant n’est pas seulement député, il est directeur général de l’exploitation, et c’était sa propre administration qu’il incriminait. Nous laissons à penser si cet incident fit du bruit et si les journaux s’en égayèrent. M. Valsecchi avait-il cédé à un mouvement de mauvaise humeur ? Avait-il voulu faire savoir au personnel placé sous ses ordres que ses occupations législatives ne l’empêchaient pas d’avoir l’œil sur les irrégularités du service ? Avait-il voulu seulement constater sa propre impuissance à obtenir quelque exactitude ? C’est ce que n’a point expliqué suffisamment une lettre fort embarrassée que le directeur-général, député et plaignant, adressa à un journal de Milan.

Une source constante d’ennuis pour ceux qui voyagent en Italie est la législation sur les bagages. Il n’est accordé aucun transport gratuit. Les bagages sont assimilés aux marchandises transportées à grande vitesse et supportent comme celles-ci une surtaxe de 13 pour 100 au profit de l’état, plus le timbre d’enregistrement. On prendrait aisément son parti de ce surcroît de dépense si le. service était organisé convenablement et surveillé ; mais il n’en est rien. Le nombre des facteurs est insuffisant, et il ne semble pas qu’on exige de ces hommes, comme le font les compagnies françaises, un