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successivement cinq ou six projets différens, et enfin, en 1878, la compagnie nouvelle du chemin de fer du Simplon, qui avait succédé à la compagnie primitive du Simplon, dont la déchéance avait été prononcée en Suisse et en Italie, en 1873-74, pour cause de non-exécution du cahier des charges, avait imaginé un projet complet qui figura à l’exposition universelle de Paris en 1878.

Déjà, en 1869 et 1870, quand le projet du Gothard s’était fait jour et l’avait emporté sur tous les autres, il avait été question du chemin de fer du Simplon à la tribune française, comme d’une sorte de revanche économique à prendre contre les Allemands qui nous menaçaient par le Gothard. En 1871, après la guerre franco-allemande, dont ce chemin de fer semblait devoir compléter les tristes résultats, le projet reparut dans l’assemblée nationale, et, en 1874, M. Cézanne, ingénieur des ponts et chaussées, qui avait été nommé rapporteur de la commission élue à cet effet, le combattit victorieusement, en disant qu’il n’était utile à la France ni au point de vue commercial, ni au point de vue politique, mais nuisible plutôt, par la concurrence qu’il ferait à la voie plus française du Mont-Cenis. Il ajoutait qu’une compagnie pour le chemin de fer et le percement du Simplon s’était formée en Suisse, qu’elle n’avait pas fait de brillantes affaires et qu’il fallait repousser le projet du Simplon. Nous savons qu’aujourd’hui la compagnie du Simplon ne fait qu’une avec celle de la compagnie de la Suisse occidentale. « la tête de cette compagnie se trouve M. Gérésole, ancien membre du conseil fédéral, et qui a toujours patronné le Simplon. Il est soutenu, en France, par M. le député Wilson, et un groupe d’autres députés et d’ingénieurs. Plusieurs fois, cette motion du chemin de fer du Simplon est revenue à la chambre, et M. Wilson, nommé rapporteur, en 1879, a même déposé un rapport favorable, tandis que le sénat en recevait un de M. le général Billot en faveur du tunnel du Mont-Blanc. Enfin, en 1880, une commission parlementaire a été chargée d’étudier un nouveau passage des Alpes, notamment par le Simplon, mais n’a pas été trop favorable à ce dernier, bien que M. Léon Renault ait alors déposé sur le bureau de la chambre une proposition de loi tendant à ce qu’un crédit annuel de 50 millions de francs fût mis à la disposition du gouvernement pendant dix ans, à partir de 1881, pour subvenir aux frais de la traversée du Simplon.

Nous ne devons pas oublier, parmi les partisans déclarés du Simplon, M. W. Huber, ingénieur, qui est à demi Français et a fait partie du corps de l’état-major suisse ; mais on peut dire que c’est M. Gérésole qui est l’âme de cette affaire et qu’il n’y a jamais épargné ni son temps ni son argent. Il a publié, depuis des années, une série