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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 64.djvu/647

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LES TROIS ÉPOQUES
D’UNE
DÉCOUVERTE SCIENTIFIQUE

LA CIRCULATION DU SANG

« La découverte de la circulation du sang, a dit Flourens, n’appartient pas et ne pouvait guère appartenir, en effet, à un seul homme, ni même à une seule époque. » Le livre que Flourens ouvrait par cette déclaration date de trente ans, et, depuis ce temps, on sait universellement que Guillaume Harvey, Anglais, médecin du roi et professeur d’anatomie au collège des médecins de Londres, n’est pas seul à mériter la gloire qui s’attache à cette grande conquête scientifique.

Les admirateurs de Harvey ne peuvent revendiquer pour lui qu’une part considérable, à la vérité, mais enfin une part seulement dans la solution complète de ce problème physiologique : ils ne sauraient lui attribuer autre chose que la découverte de ce que l’on nomme la grande circulation. Mais, antérieurement à lui, cette mystérieuse fonction de la circulation du sang avait été éclaircie dans un de ses rouages essentiels. On connaissait et l’on connaissait bien la petite circulation pulmonaire. Plus de trente ans avant la naissance de l’anatomiste anglais, l’Italien Realdo Colombo et l’Espagnol Michel Servet l’avaient décrite avec une précision qui ne devait pas être dépassée, et cette première connaissance enveloppait l’autre et la contenait implicitement.