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donc dans des conditions d’exploitation, exceptionnellement favorable, et ce ne sont ni les voyageurs ni les transports qui peuvent leur manquer dans un des pays d’Europe où la population a le plus de densité.

A la fin de 1855, l’administration autrichienne avait construit et mis elle-même en exploitation, outre les chemins de Milan à Monza et de Milan à Treviglio, les lignes de Vérone à Mantoue, de Milan au lac de Côme, par Camerlata, de Venise à Casarsa, et la ligne de Venise à Milan, jusqu’à Coccaglio, aux environs de Bergame ; elle avait commencé la construction du tronçon de Bergame à Milan et divers autres chemins de fer ; mais les événemens de 1848 avaient porté la plus rude atteinte aux finances impériales, et la construction du réseau italien n’avançait pas avec la rapidité qu’on jugeait indispensable. L’Autriche se trouva donc, comme le Piémont, dans la nécessité de recourir à l’industrie privée et aux capitaux étrangers, la prospérité dont jouissait alors la France y avait développé l’esprit d’entreprise et créé des capitaux qui cherchaient emploi, ; un groupe de capitalistes anglais et français, représenté par le duc de Galliera, entra en négociations avec le gouvernement autrichien, et, le 14 mars 1856, une convention, confirmée par un décret souverain du 17 avril suivant, donna naissance à la Société privilégiée I. R. des chemins de fer Lombardo-Vénitiens et de l’Italie centrale. Cette société était constituée au capital de 156,250,000 francs et investie de la faculté d’émettre, avec la garantie de l’Autriche, 143,750,000 francs d’obligations. Elle rachetait au gouvernement autrichien, moyennant le paiement de 70 millions et un prélèvement éventuel de 30 millions sur ses recettes, les chemins de fer déjà construits ; elle prenait leur exploitation à son compte ; elle se chargeait d’achever les lignes commencées, et de construire enfin, dans un déljai maximum de cinq années, les lignes dont les études étaient faites et dont l’établissement avait été décrété.

Comme son titre l’indiquait, l’action de la société n’était pas limitée au territoire lombardo-vénitien. Le gouvernement autrichien s’était préoccupé de bonne heure de faire sortir de leur isolement et de rattacher à son réseau les petits états de l’Italie centrale qui se mouvaient dans son orbite, la Toscane était le seul de ces états qui eût des chemins de fer, et les Romagnes, malgré leur richesse et la densité de leur population, en étaient également dépourvues ; une convention conclue à Rome, le 1er mai 1851, entre l’Autriche, le saint-siège, le grand-duché de Toscane et les duchés de Parme et de Modène, eut pour objet l’établissement de deux lignes : l’une de Plaisance à Bologne, par Parme et Modène, et l’autre de Bologne