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Il était également indispensable au nouveau royaume de faire disparaître les solutions de continuité qui existaient toujours entre l’ancien réseau piémontais, absorbé dans le réseau de la Haute-Italie, et le réseau toscan, et entre le réseau toscan et les lignes situées sur le territoire romain. Il était du plus haut intérêt d’établir des communications non interrompues entre l’Italie du Nord et l’ancien royaume de Naples, et le problème était compliqué par la nécessité d’assurer le même avantage aux deux versans des Apennins et par l’interposition du territoire demeuré sous l’autorité du pape. La société fut donc invitée à se transformer et à accroître son capital pour absorber, par fusion ou rachat, les chemins de la Toscane centrale, les chemins de Livourne et le chemin des Maremmes, qui devait rejoindre la ligne de Civita-Vecchia à Chiavone et dont les travaux étaient suspendus. Elle fut invitée en même temps à conserver son ancienne dénomination, sous laquelle elle avait été autorisée par l’autorité pontificale, afin de ne se point créer de difficultés avec le gouvernement romain.

La construction de la ligne des Maremmes, en attendant l’achèvement de la ligne qui, de Sienne, allait par Arezzo rejoindre la ligue d’Ancône à Rome, établissait la communication entre Florence d’une part, Rome et Naples de l’autre. Le ministère italien avait décidé la création, dans les anciennes provinces napolitaines, d’une ligne parallèle à la côte de l’Adriatique, et il désirait que cette ligne, et, par elle, tout le réseau méridional, fussent directement rattachés aux lignes de l’Italie septentrionale. Il demanda donc à la Société générale des chemins de fer romains de lui rétrocéder, contre remboursement de la dépense faite et sans aucune majoration, la ligne d’Ancône à Bologne, qu’il considérait comme le prolongement de la ligne d’Otrante à Ancône par Brindisi. Par compensation, le gouvernement concédait à la société la ligne dite de La Ligurie, qui, partant de Pise, desservait Massa, Gênes et Vintimille, mettait Florence en communication avec Gênes et Turin, et créait un premier point de contact entre les lignes françaises et les lignes italiennes. Ces divers arrangement furent consacrés par une loi du 14 mai 1865, votée sur la proposition de M. Minghetti, ministre des finances, et, du général Menabrea, ministre des travaux publics. Il nous paraît superflu, d’en faire ressortir le caractère éminemment politique. Quant aux stipulations financières, elles ont été trop promptement et trop fréquemment modifiées pour qu’il y ait intérêt à les récapituler. Elles imposaient de lourdes charges au trésor italien sans, créer à la société des ressources suffisantes. Les subventions étaient payées en un papier déprécié par le cours forcé ; la garantie d’un gouvernement dont la rente tomba, en juin 1866,