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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le succès des haussiers en liquidation de fin juin a été complet. Il est vrai que la campagne avait été menée avec une habileté remarquable et que les haussiers n’ont démasqué qu’au dernier moment la puissance de leurs ressources, de façon à enlever aux vendeurs toute possibilité d’organiser la résistance. Les hauts cours atteints pendant la troisième semaine de juin ont été simplement maintenus jusqu’au jour de la réponse des primes, et, comme les événemens ne semblaient point propres à encourager les idées de hausse, le découvert a pu croire encore, la veille de la liquidation, qu’il lui serait loisible de discuter les conditions de sa défaite.

C’est à l’heure même du règlement des engagemens que ce découvert s’est vu porter les coups les plus terribles. Les meneurs du mouvement, banquiers et spéculateurs de première marque, ont trouvé à l’étranger, à Londres surtout, les fonds nécessaires pour tous les reports de rentes qu’ils pouvaient avoir à effectuer. Sur notre place, il n’y avait plus rien à reporter, et les vendeurs sans titre ont vu se dérober devant eux toute contre-partie. Ils ont reconnu alors la portée réelle des avertissemens qu’on leur avait prodigués tout le mois de juin, sous forme de demandes de titres par voie d’escompte ou par l’écart considérable maintenu entre les cours du comptant et ceux du terme. Le découvert a dû se rendre à merci. Il a payé un déport qui s’est élevé jusqu’à 0 fr. 20, où il s’est racheté. Le 4 1/2 pour 100, qui, le 30 juin, était coté 108.20 environ, restait le lendemain, 1" juillet, à 107.65, après détachement d’un coupon de 1 fr. 12 1/2 ; le 3 pour 100 atteignait 78 fr. et l’amortissable 79 fr. 25.

Ainsi le titre a fait défaut en liquidation, et la situation ne paraît pas s’être modifiée depuis. Que ce manque de titres soit réel ou factice, il ne s’en produit pas moins un effet irrésistible, qui est de paralyser tout effort des vendeurs pour prendre leur revanche et de maintenir sans défaillance possible les plus hauts cours cotés, en attendant qu’il plaise aux acheteurs, maîtres de la situation, de pousser leur succès avec une nouvelle vigueur si les circonstances, un peu avant la liquidation prochaine, leur paraissent propices. En ce moment, le calme est absolu sur notre marché. Les règlemens de comptes une