La transformation militaire accomplie par Probus touchait aux parties vitales de l’empire : aussi fut-elle le signal d’une refonte générale des institutions[1] ; « de républicain qu’il était, l’empire ne tarda pas à prendre la forme résolument monarchique. » Dioclétien employa ses vingt et une années de règne à opérer et à consolider cette réforme. Dioclétien est le favori de Gibbon ; ce n’est pas celui de Bossuet. Toute indignation religieuse à part, j’inclinerais fort à me ranger ici à l’avis du grand évêque de Meaux : le persécuteur des chrétiens me paraît avoir, dans son rigorisme impérial, bien mal apprécié son devoir. Verser un sang si pur pour retarder de moins d’un quart de siècle le triomphe d’une cause qui, dès cette époque, pouvait invoquer en sa faveur la justice et le nombre, constitue tout au moins une impardonnable erreur politique. La suprême puissance est tenue d’avoir la vue plus perçante et de ne pas se méprendre à ce point sur la direction du courant. La rapide diffusion de la croyance nouvelle indiquait aux yeux les moins clairvoyans un besoin social d’une irrésistible puissance. En appelant à son aide le Dieu des chrétiens, Constantin s’assura les vœux et le concours de tout ce qui avait, dans cette société romaine si
- ↑ Voyez, dans la Revue du 1er février, la Marine des empereurs et les Flottilles des Goths.