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il y a gardé un parc d’artillerie « comme les goujats gardent le bagage : » voilà tous ses exploits ; de plus il est un voleur. Bailly aussi est un voleur, et Malouet « un paillasse. » Necker a formé « l’horrible entreprise d’affamer et d’empoisonner » le peuple ; « il s’est rendu pour toujours l’exécration des Français et l’opprobre du genre humain. » — Qu’est-ce que les Constituans, sinon un ramas « d’hommes bas, rampans, vils et ineptes ? » — « Infâmes législateurs, vils scélérats, monstres altérés d’or et de sang, vous trafiquez avec le monarque de nos fortunes, de nos droits, de nos libertés et de nos vies ! » — « La seconde législature n’est pas moins pourrie que la première. » — Dans la Convention, « Roland, le Gilles officieux et le Pasquin faussaire, est le chef infâme des accapareurs. » — « Isnard est un jongleur, Buzot un tartufe, Vergniaud un mouchard en petit collet[1]. » — Quand un aliéné voit partout autour de lui, sur le plancher, sur les murs, au plafond, des scorpions, des araignées, un grouillement de vermine infecte et venimeuse, il ne songe plus qu’à l’écraser, et la maladie mentale entre dans sa dernière période : à la suite du délire ambitieux, de la manie des persécutions, et du cauchemar fixe, la monomanie homicide s’est déclarée.

Dès les premiers mois de la révolution, elle s’est déclarée chez Marat ; c’est qu’elle lui était innée, inoculée d’avance ; il l’avait contractée à bon escient et par principes ; jamais la folie raisonnante ne s’est manifestée dans un cas plus net. — D’une part, ayant dérivé du besoin physique les droits de l’homme, il conclut « que la société doit, à ceux de ses membres qui n’ont aucune propriété et dont le travail suffit à peine à leurs besoins, une subsistance assurée, de quoi se nourrir, se loger et se vêtir convenablement, de quoi se soigner dans leurs maladies, dans leur vieillesse, et de quoi élever leurs enfans. Ceux qui regorgent de superflu doivent (donc) subvenir aux besoins de ceux qui manquent du nécessaire. » Sinon, « l’honnête citoyen, que la société abandonne à sa misère et à son désespoir, rentre dans l’état de nature et a le droit de revendiquer à main armée les avantages qu’il n’a pu aliéner que pour s’en procurer de plus grands. Toute autorité qui s’y oppose est tyrannique et le juge qui le condamne à mort est un lâche assassin[2]. » Ainsi les innombrables émeutes que provoque la disette

  1. Chevremont, I, 238, 249. — L’Ami du Peuple, n" 419, 519, 543, 608, 641. — Autres contre-vérités presque grotesques, tant elles sont énormes, n° 630 (15 avril). « Simoneau, maire d’Étampes, infâme accapareur ministériel. » — N° 627 (12 avril 1792). « Le ministre Delessart consent, pour de l’or, à se laisser frapper d’un décret concerté. » — N° 650 (20 mai 1792). « Louis XVI n’a sollicité la guerre que pour asseoir son despotisme sur des bases inébranlables. »
  2. Chevremont, I, 106. Projet de déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789). — 76., I, 196.