Cela s’appelle dresser son bilan ; attrayante ou non, facile ou difficile, ce qu’il y a de certain, c’est que la besogne est inévitable et urgente.
Or, tout dernièrement, de singulières découvertes se sont produites. Nulle matière ne semblait mieux connue que celle de nos finances, et il s’est trouvé, au contraire, que nous vivions dans une grande ignorance de notre situation. Des besoins nouveaux se sont manifestés ; un recul dans le produit des impôts, dans les recettes du trésor, dans la voie des progrès industriels, et commerciaux s’est déclaré subitement ; et il est devenu manifeste que, non-seulement nos affaires ne prospéraient pas, mais qu’elles se trouvaient dans une situation qui, pour un commerçant, précéderait de bien peu la faillite. La dette flottante avait été accrue dans d’effrayantes proportions, un déficit considérable menaçait le budget présent et les budgets futurs ; on ne voulait pas recourir à l’emprunt pour payer les budgets extraordinaires, mais, ce qui revient au même, on empruntait sous le nom d’intermédiaires, sous le nom de grandes compagnies dont on garantissait la signature, on faisait de la circulation de papier, on endossait des effets à ordre. La Revue a reproduit et résumé la polémique soulevée à ce sujet : au sénat, MM. Buffet, Bocher, Léon Say ; à la chambre des députés, MM. Ribot, Henri Germain, d’autres orateurs expérimentés ont victorieusement démontré et l’accroissement des charges et les expédient de trésorerie à l’aide desquels le gouvernement y avait fait face, sans pour ainsi dire avoir agi avec préméditation, surpris en quelque sorte lui-même par les besoins de l’heure présente., Le ministre des finances a dû courber la tête devant l’évidence des faits, promettre une conduite plus sage à l’avenir ; pourra-t-il seulement, en remplissant les engagement pris, rester fidèle à la parole donnée et en trouver le moyen ?
Avant tout, on devait s’assurer de la découverte de la vérité tout entière. Or on sait que, par suite de l’esprit d’intolérance des majorités parlementaires, les membres de la minorité sont toujours exclus des commissions du budget. A défaut des documens que peuvent réclamer du gouvernement ces commissions disposées a priori à s’en rapportée aux calculs des ministres eux-mêmes, les publications officielles permettent-elles de réunir tous les faits financiers propres à dresser le tableau complet et exact de notre actif et de notre passif ? Ce qui causa un moment la plus pénible surprise, ce fut de constater que notre bilan financier ne se trouvait pas exact et qu’il n’existait aucun mode de le dresser avec régularité. Les charges dont les contribuables supportent le poids et dont le total devrait être rendu public afin de pouvoir mesurer