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avec exactitude la possibilité de les accroître ou la nécessité de les amoindrir ne se composent pas uniquement en effet de celles dont le budget général de l’état déclare l’importance. A côté de celles-ci se groupent les budgets départementaux et les budgets des communes, qui pèsent d’un poids immédiat et souvent plus lourd, dont on voudrait aussi connaître le total afin de pouvoir les chiffrer tous ensemble. Or, s’il est déjà difficile de pénétrer dans les arcanes du budget général, il est impossible, et cela faute de documens officiels, de se faire ouvrir les autres, d’établir des comparaisons, et de fixer ainsi les limites où on doit nécessairement s’arrêter.

Nous avons appelé sur ce point, il y a déjà deux ans, l’attention du lecteur. Nous avons raconté les efforts tentés au ministère de l’intérieur depuis plusieurs années pour dresser une statistique des dépenses et des recettes de toutes les communes de France. Le nombre des centimes additionnels perçus en proportion du total des contributions directes constitue pour chaque localité la plus grande part de ses revenus. Il eût fallu connaître, avec le nombre de centimes additionnels perçus dans chaque département et par commune, la valeur de ces centimes et en totaliser le produit. Cette valeur, afférente au principal des contributions directes, établi lui-même, comme l’on sait, sur une base si différente et si inégale dans chaque département, n’a jamais permis d’arriver à une comparaison équitable entre les charges communales. Depuis les dernières années de l’empire, où les tableau rédigés par le ministre de l’intérieur ont donné le résumé de la situation financière des communes de France et d’Algérie et le total des centimes perçus, il a été seulement montré que ce poids, inégal par lui-même en principe, s’est encore accru dans les dernières années par l’inégalité du nombre des centimes perçus, et que là où le principal était déjà plus lourd, les centimes additionnels ajoutés doublaient dans plusieurs milliers de communes le chiffre de l’impôt, l’accroissaient de 50, de 30 pour 100 dans le plus grand nombre ; et nous-mêmes, en constatant ce fait, arrivions à désigner l’objet propre de notre travail sous le nom de déficit communal.

Aujourd’hui nous voudrions faire un pas en avant dans des recherches financières qui ont pour but de montrer l’accroissement des charges publiques, celui dont l’avenir nous menace encore, et aborder une étude qui ne nous paraît pas non plus éclairée d’un jour suffisant : après le budget des communes, nous nous proposons d’étudier le budget des départemens. Sans doute, le budget des départemens n’échappe pas entièrement aux investigations du contrôle des grands corps de l’état ; il figure dans les comptes généraux annuels, au chapitre des budgets spéciaux ; l’ensemble de