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développement avec une irrésistible puissance. Le budget départemental s’alimente, on l’a dit, avec des recettes éventuelles et des centimes additionnels. Les premières, qui lui fournissent aujourd’hui 118 millions, ne sont susceptibles d’une plus grande extension qu’en ce qui concerne la part fournie par les emprunts. Cette part était de plus de 53 millions pour 1883 dans le total des produits éventuels extraordinaires. On pourrait certes l’augmenter considérablement dans l’avenir. Le crédit des départemens est très grand ; les localités tiennent à honneur de prouver qu’elles n’ont nul besoin de le payer cher et qu’elles empruntent à bas prix ; nous connaissons un grand établissement financier qui s’attache à centraliser et à soutenir de tous ses efforts l’émission de tous les emprunts départementaux. Mais il faudrait prendre garde de créer ainsi une concurrence nuisible à l’émission des emprunts de l’état. Si, comme nous en avons la ferme conviction, ces emprunts doivent s’accroître dans une large proportion, et quand l’heure des demi-mesures et des expédiens transitoires sera passée, s’il faut prendre ouvertement et sans hésitation le grand moyen de sauver le présent en engageant de plus en plus l’avenir et malheureusement, en ce cas, subir des conditions moins bonnes pour le trésor ; cette source des emprunts départementaux, la meilleure de leurs recettes éventuelles, ne pourra plus être aussi utilement employée. Quant aux autres produits éventuels, composés du revenu des propriétés départementales, d’expéditions d’actes, de péages, de taxes concédées par des lois spéciales ou de la part dans les taxes sur les billards, les chiens, les permis de chasse, etc., il n’y a pas, de ce côté, de grands progrès à attendre.

Restent donc les centimes additionnels, dont le nombre peut s’accroître, dont une loi sur la péréquation de l’impôt foncier, inspirée par une grande nécessité politique, relèverait la valeur et à laquelle des nécessités urgentes forceront peut-être de recourir. La loi du 10 août 1871 a fixé à 0 fr. 25 sur la contribution foncière, personnelle et mobilière, le maximum applicable aux dépenses ordinaires des départemens ; pour les dépenses extraordinaires, le maximum n’existe plus, et c’est alors qu’interviennent les décisions des conseils généraux, au besoin celles des grands corps de l’état : les décrets et les lois. Aussi le nombre des centimes imposés a-t-il crû chaque année, et la proportion des communes payant le tiers, le double du principal s’élève-t-elle de jour en jour. Selon que certains départemens sont au principal imposés pour une plus ou moins grande part de leur revenu foncier, le nombre des centimes additionnels ajoute donc des poids plus lourds et inégaux à leur surcharge. La valeur du centime, importe plus encore que le