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cire[1], quantité de plantes humbles qui se rattachent à des genres représentés en Europe : des épilobes, des orties, des composées, un myosotis qui a des fleurs plus grandes que l’espèce de nos fontaines, des cardamines, des plantains, des géraniums, deux sortes de gentianes, l’une à fleurs blanches, l’autre à fleurs rouges. Parmi les plantes d’Auckland qui n’ont pas été recueillies à la Nouvelle-Zélande, on cite plusieurs espèces remarquables : certaines véroniques, une liliacée dont les gerbes d’or sont parfois au nombre de trois ou quatre épis sur le même pied, une composée ressemblant à un grand aster couvert de fleurs pourpres, une celmisie rayonnant sur le sol et portant des fleurs d’un blanc pur avec un disque rouge[2].

La recherche des animaux sur les îles Auckland a été si imparfaite qu’on ne peut en tirer grand avantage. Cinq ou six espèces d’oiseaux terrestres ont été observées : le faucon, la perruche, l’oiseau clochette, le tui, un pipit à plastron jaune, tous habitans de la Nouvelle-Zélande ; mais on ne saurait assurer si une ou deux d’entre elles ne sont point particulières au petit archipel. Les médecins de l’expédition de Dumont d’Urville recueillirent, au port du Rendez-Vous, quelques insectes ; ce sont surtout des coléoptères carnassiers qui rappellent, par la physionomie, les formes répandues dans le nord de l’Europe ; il n’a pas été possible de vérifier si ces insectes ne se rencontrent point également sur les grandes terres.

A une centaine de lieues des îles Auckland, dans la direction du sud-ouest, on découvre l’île Macquarie[3]. Observée pour la première fois, en avril 1811 et de nouveau reconnue au mois de février 1812 par le capitaine Garalt, commandant le brick la Concorde, cette île appelle l’attention. Elle est à peu près sur la limite extrême des terres australes pourvues d’une végétation. Un épouvantable ressac qui se produit sur ses rives en rend l’accès difficile ; les vents impétueux des régions antarctiques en font un horrible séjour. A cet égard, nous avons l’impression du jeune officier de l’escadrille américaine, commandée par Charles Wilkes, qui passa quelques heures sur le rivage de cette terre froide et désolée. Montueuse, ayant un pic dépassant 400 mètres au-dessus du niveau de la mer, Macquarie aurait, assure-t-on, 38 milles de long et 5 à 6 de large. Elle est, en partie, couverte d’une herbe haute et touffue ; on y voit des buissons épars et point d’arbres. C’est la nature dans son excessive pauvreté. Néanmoins, quel prix n’ai tacherions-nous pas en ce moment à la connaissance très parfaite de tout ce qui vit sous l’affreux climat de cette île perdue dans l’immensité de l’Océan-Pacifique ?

  1. Aralia polaris.
  2. Anthericum Rossii, Pleurophyllum speciosum, Cilmisia vernicosa.
  3. L’extrémité sud de l’île par latitude S. 54° 44’, longitude 150° 49’.