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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/448

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Une pleine lumière viendrait éclairer l’histoire encore à peine soupçonnée des accidens géologiques qui ont bouleversé la partie du monde située vers nos antipodes.

Un seul oiseau terrestre, pensons-nous, habite Macquarie : l’élégante perruche de la Nouvelle-Zélande. Les perroquets ne sont nullement enclins aux migrations lointaines ; il est donc difficile d’imaginer que des bandes du gentil oiseau qu’on voit sédentaire aux îles Auckland se trouvent prises, chaque année, de la folle envie de s’aventurer au-dessus de la mer et d’accomplir une course prodigieuse afin d’édifier leurs nids dans un endroit des plus désolés pour revenir, aux approches de l’hiver, en compagnie de leur progéniture vers des lieux moins tristes, où plus sagement demeurent des frères en toute saison. Si nous tenons à fixer ce point, c’est qu’il importe, pour nos conclusions définitives, d’arriver à la certitude que l’oiseau n’est point de passage, mais qu’il est attaché au sol même de cette terre ingrate. Quelques plantes récoltées à Macquarie appartiennent à des espèces qui se trouvent à Auckland, à l’île Campbell et même à la Nouvelle-Zélande.

Sur toutes les cartes figure, au sud-ouest de Macquarie, l’île Emerald[1]. Chaque géographe l’inscrit de confiance. C’était, dit-on, le 13 décembre 1821 : le capitaine Nockells crut apercevoir, vers onze heures du matin, une île d’une certaine étendue. Il lui donna le nom de son navire. On n’en a jamais su davantage. Personne n’a vu l’île Emerald. En 1841, l’expédition des États-Unis tenta de la retrouver ; rien n’apparut à la surface des eaux.


II

Presque sous le méridien de l’archipel Auckland, au-delà du 50e degré de latitude, se rencontre l’île Campbell. Découverte en 1811, visitée en 1840 par les trois célèbres expéditions de Charles Wilkes, de Dumont d’Urville et de Clark Ross, elle fut étudiée, en 1874, par un de nos jeunes naturalistes. Sur le sol de l’île, en général fort accidentée, se dresse une chaîne de collines dont la plus haute ne dépasse guère 500 mètres. On y voit des tapis de mousses et de lichens des plus jolies teintes ; des taillis et des buissons, pas de grands arbres. Aux yeux des premiers observateurs, la constitution géologique de Campbell est pareille à celle des îles Auckland ; — à la baie Persévérance, les colonnes basaltiques attirent aussitôt l’attention, mais on reconnaît sans peine que l’île entière n’est pas une masse volcanique. En 1874, une mission française, sous la conduite de M. Bouquet de la Grye, s’était rendue à

  1. Par latitude S. 57° 15’, longitude 163 degrés.