rival et de respect pour le bien qu’il convoite encore ; en arrière de ce trio, un père de sentimens médiocres, exact fonctionnaire et attaché à sa place ; une action qui n’est que le mouvement même de ces caractères animés de ces passions, chacun mis en branle par sa force propre et subissant, à mesure qu’il va, le ressort de tous les autres, il n’y a rien là d’extraordinaire et qui ne puisse nous paraître familier. Familier aussi, le style de ces héros ; il dit ce qu’il veut dire, il le dit tout droit, avec des mots et des tours que le premier venu comprend parce qu’il s’en sert chaque jour. Style de comédie ! s’écrie le commentateur du XVIIIe siècle ; tragique lui-même, mais tragique d’imitation, habitué au pompeux des paroles, il veut que cette simplicité soit platitude et la réprouve comme indigne du genre. Et après Voltaire, et justement sur ses traces, — c’est bien fait pour lui ! — vient Andrieux, qui trouvant son plaisir gâté par ces bassesses de langage, s’évertue à les réparer : « Mon amour pour l’art du théâtre, ma religieuse vénération pour le génie de Corneille, écrit-il sans rire, m’ont déterminé à risquer de faire quelques changemens dans cette tragédie… Heureux, si l’on s’aperçoit que j’ai fait ce travail, comme je le devais, non pour en tirer vanité, mais pour être utile, me mettant avec respect aux pieds du grand Corneille, et lui demandant la permission d’ôter quelques grains de poussière à son beau cothurne ! » Et ce cireur de cothurne se met en effet à polir l’ouvrage : il retranche, comme incorrigibles sans doute, plusieurs vers du rôle de Félix ; arrivé à ceux-ci :
- Et s’il l’aima jadis, il estime aujourd’hui
- Les restes d’un rival trop indignes de lui.
Les restes ! .. M. Andrieux bronche contre ce substantif énergique et sobre et qui exprime tout net le sentiment prêté à Sévère ; il lui substitue, avec un pronom relatif, un verbe vague :
- Et s’il l’aima jadis, il regarde aujourd’hui
- Ce qu’obtint un rival comme indigne de lui…
O monsieur Laroche, ô mademoiselle Dudlay, vous mériteriez de jouer, comme tragique, M. Andrieux, — il a fait un Junius Brutus, — et Campistron, et Crébillon, mais Crébillon seulement pour récompense, après que vous auriez donné des marques de repentir ! Ensuite on vous permettrait Voltaire. Mais quand Racine et Corneille ? — surtout le Corneille de Polyeucte ! — Je n’ose le prévoir.
M. Laroche et M, le Dudlay, dans Sévère et dans Pauline, sont des pupazzi héroïques ; — ce n’est ni un homme ni une femme. Héroïques ils sortent de la coulisse, par l’attitude première et par l’intonation