Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/964

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Capitaliste à s’en tenir écarté. De là cette immobilité absolue de la Société générale, du Crédit lyonnais, de la Banque d’escompte, de la Banque franco-égyptienne, etc. Il ne s’est produit un peu de mouvement, dans cette région du marché, que sur quelques valeurs très vivement discutées comme le Crédit mobilier, le Crédit général français, la Société franco-algérienne.

Si l’on constate la répugnance persistante du public capitaliste à s’occuper de ce que l’on appelle en général les valeurs, c’est-à-dire des actions de banque ou d’entreprises industrielles, en revanche, on le voit rechercher de plus en plus les valeurs solidement garanties et à revenu fixe. Quand à ces conditions viennent, en outre, s’ajouter des chances importantes de lots, on se trouve en présence du placement le plus goûté de l’épargne. Aussi l’émission, que fait aujourd’hui même le Crédit foncier de six cent mille obligations communales 3 pour 100 à lots est-elle assurée d’avance d’un très grand succès. Le premier versement est de 20 francs, plus 15 francs à la répartition. Trois autres versemens de 50 francs, deux de 75 et un de 100, espacés de six mois en six mois, complètent le prix d’émission, 435 francs, de chaque obligation, rapportant 15 francs et remboursable à 500 francs en cinquante-six ans. Ces titres, dès le premier versement, participent à six tirages de lots par an. Le public connaît très bien le mécanisme des opérations du Crédit foncier et n’ignore pas qu’il n’existe aucune valeur plus sûrement gagée que les obligations que cet établissement émet en représentation des prêts qu’il consent aux communes, aux départemens et aux chambres de commerce.

Le public n’est pas moins avide des obligations de chemins de fer garanties par l’état ; on vient d’en faire une nouvelle constatation par le succès remarquable de rémission de la compagnie des chemins de fer de l’Ouest-Algérien. Cette société proposait au public, à 330 francs, 21,160 obligations dotées de la garantie de l’état ; l’épargne en a demandé plus de 50,000. C’est encore la garantie de l’état qui doit appeler l’attention des capitalistes sur une valeur analogue à celle-ci, l’obligation de l’Est-Algérien. L’achèvement du réseau des voies ferrées dans notre grande colonie africaine est une œuvre d’intérêt nationale, et il est naturel que l’état encourage les capitaux à se porter de ce côté. La garantie qu’il concède est le plus puissant stimulant pour les capitalistes, surtout au prix avantageux auquel on peut avoir encore les obligations des chemins de fer algériens jouissant de cette garantie.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.