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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 66.djvu/204

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très difficiles : elle consiste à décharger l’embarcation, que l’on traîne au-delà de la chute.

Les pagayeurs sont payés de différentes façons. Les Okandés demandent 1 franc par jour, les Adoumas 100 francs pour le voyage de N’Djolé à Franceville, aller et retour.

Il ne faut pas moins de quarante jours pour se rendre da Gabon à cette dernière station ; aussi le prix d’une tonne de marchandises revient-il à près de 3,000 francs, en ne faisant pas entrer en ligne de compte le voyage de retour, qui offre encore plus de dangers que l’autre, et dans lequel les pirogues chavirées sur les rapides vont se briser contre les roches. Souvent, en quelques secondes, plusieurs centaines de kilos d’ivoire ou de caoutchouc sont ainsi englouties dans le fleuve.

D’après ce qui précède, on peut voir que le commerce de l’Ogooué ne présente que des bénéfices douteux. Ce sera donc à la culture du sol, qui seule est capable de donner de merveilleux résultats, que, d’après mon humble avis, devra s’attacher quiconque songe à se créer une situation dans l’Afrique équatoriale. Tôt ou tard, l’ivoire disparaître de ces régions, et le caoutchouc, mal exploité par les indigènes, fera complètement défaut; mais le riz, la vanille, le cacao, acclimatés par les missionnaires, ne peuvent manquer de réussir dans des bas-fonds où partout l’eau abonde, prête à mettre sa force au service des travailleurs, où la terre, d’une incroyable richesse, demande seulement un peu de soin pour payer au centuple les efforts des hommes hardis et sagaces qui ne craindraient pas d’aller chercher la fortune loin de leur patrie.

Les étrangers le comprennent déjà, car ils établissent chaque jour au Gabon de nouvelles entreprises agricoles.


J. DE MONTAIGNAC.