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cès, qu’il reste essentiellement modéré, et c’est là une moralité dont peuvent profiter les catholiques et indépendans qui sont aujourd’hui au ministère, aussi bien que les libéraux quand ils reviendront au pouvoir.

CH. DE MAZADE.




MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




Les circonstances n’ont pas été propices, pendant la seconde quinzaine d’octobre, à la continuation de la campagne de hausse entreprise depuis quelques mois sur nos fonds publics. Les nouvelles de Chine ont enlevé tout espoir d’une prompte terminaison de l’entreprise où nous nous sommes si imprudemment engagés. Les chambres, à peine réunies, ont manifesté la ferme résolution de donner au gouvernement les moyens d’en finir avec cette irritante affaire, qui menace d’exercer un drainage continu et de plus en plus coûteux sur nos ressources militaires et financières.

La spéculation, qui avait compté que le cabinet, à la réouverture du parlement, se présenterait avec un arrangement pacifique, a été fortement déçue. L’île de Formose n’est pas encore en notre possession ; au Tonkin, nous restons sur la défensive ; la cour de Pékin est plus arrogante que jamais ; il nous faut envoyer dans l’extrême Orient de nouveaux renforts et, par conséquent, dépenser de nouveaux miliions.

La question budgétaire s’est posée dès la reprise de la session ; on ne saurait dire qu’elle ait été réglée d’une manière satisfaisante. Sans doute le budget de 1885 sera présenté à peu près en équilibre ; mais on n’ignore pas que cet équilibre n’a été établi qu’à l’aide d’assez pauvres expédiens. En réalité, la situation n’a pas été modifiée. Les ressources ordinaires du pays ne suffisent pas à couvrir les dépenses ordinaires, a fortiori les dépenses extraordinaires. Comme le ministre des finances ne veut ni augmenter les impôts, ni recourir à un grand emprunt, on accroît tout simplement la dette flottante. Il est vrai que