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LES
INDUSTRIES D’ART

Enquête sur la situation des ouvriers et des industries d’art. Rapport de M. Antonin Proust, député, ancien ministre des arts, 1884.

Toute œuvre produite par le travail de l’homme comporte l’intervention de l’art. Prenez l’objet le plus vulgaire : la correction de la forme, la disposition des couleurs, les justes proportions des détails et l’harmonie de l’ensemble peuvent faire de cet objet une œuvre artistique. C’est ainsi que, d’une manière générale, l’art est appliqué à l’industrie et que le sentiment du beau se manifeste dans la création des produits qui ne sont destinés qu’à être utiles. Plus une société avance en civilisation, plus on observe que le sentiment du beau s’y propage et s’y exprime par la perfection croissante du travail matériel. Au moyen des poteries et des plus modestes ustensiles trouvés dans les ruines des différens âges, les archéologues, comparant les formes, le dessin et la couleur, découvrent et notent les progrès des sociétés disparues. L’art n’est point seulement, à toute période d’une civilisation, le coopérateur de l’industrie; lorsque les sociétés s’enrichissent et que par la richesse elles ont le besoin et le goût du luxe, c’est l’industrie qui se met au service de l’art en lui livrant ses procédés et ses forces. Il arrive alors que l’industrie est appliquée aux conceptions de l’art et que, dans une portion de ses œuvres, elle vise à réaliser le beau plutôt