leur patronage, en se parant, à l’exemple de la reine, des produits imités en France. De là date la fortune du point d’Alençon. Il paraît que la république lui a fait tort. En revanche, la cour de Vienne et la cour de Rome s’appliquent aujourd’hui à restaurer le règne de la dentelle, au profit des fabriques de la Bohême et de Venise. « C’est sous l’influence de la haute société, nous dit-on, que l’on est arrivé à relever dans ces deux pays cette industrie, qui avait complètement disparu. » Évidemment, si la dentelle était condamnée à avoir une opinion politique, elle voterait pour la monarchie, de concert avec les broderies et les rubans. — Les sculpteurs en bois ou en ivoire et les fabricans de vitraux ne sont pas moins sensibles aux incidens de la politique. L’industrie des crucifix est devenue beaucoup moins active. Pour nous servir d’une expression employée dans l’enquête, l’article est démodé. Il a été enlevé des écoles et relégué dans les magasins du mobilier scolaire hors de service; il est à peine toléré dans les tribunaux. C’est une industrie d’art qui se trouve pour l’heure fortement touchée. Quant aux vitraux, qui ont été jusqu’ici employés en majeure partie à la décoration des édifices religieux, les fabricans français sont avisés que « ce débouché se fermera plus ou moins, tôt ou tard. « C’est ce que leur a prédit un honorable membre de la commission, leur demandant d’ailleurs, avec une louable sollicitude, s’ils n’auraient pas en perspective une autre application de leur art. Il y a bien les vitraux d’appartemens, les vitraux civils ou, si l’on veut, laïques, et, comme l’a fait observer un autre membre de la commission, il existe plus d’appartemens que d’églises. Mais il ne paraît pas que l’industrie des vitraux artistiques ait avantage à cette transformation. Elle sera victime de la guerre au cléricalisme, et, lors même que par un juste retour des choses d’ici-bas et surtout des choses de la politique, ce qui est aujourd’hui proscrit et « démodé » redeviendrait bientôt d’usage et de mode, le coup porté n’en sera pas moins rude pour l’une des plus importantes industries d’art, où nous possédons des fabricans et des artistes de premier ordre. Pendant ce temps, les Anglais, les Belges, les Allemands, les Américains perfectionnent leur travail, et ils arriveront à faire mieux que nous.
Ce chapitre encore inédit de l’histoire de la « laïcisation » ne saurait, d’ailleurs, nous arrêter plus longtemps. Il ne s’agit là que d’une question, sinon secondaire, du moins limitée à un petit nombre d’industries. Ce qui est plus important, ce qui intéresse l’ensemble des industries d’art, c’est l’unanime protestation contre les dispositions du projet de loi militaire qui suppriment à peu près toute exemption et toute réduction du service de trois ans. Les jeunes gens, à peine sortis de l’école professionnelle ou de l’apprentissage,