Jusqu’à ces dernières années, la Norvège n’avait pas coutume d’occuper le monde de sa politique intérieure. Le récent conflit qui vient de se terminer par la victoire de l’opposition a excité quelque curiosité en Europe : le bruit qu’il a fait a surpris les Norvégiens eux-mêmes, peu habitués à voir le public étranger s’instruire de leurs affaires particulières. Cette attention était pourtant justifiée. Dans tout le Nord scandinave, les gouvernemens sont aux prises avec des difficultés qui ne font que s’accroître. Ce qui vient de se passer en Norvège n’est peut-être qu’un épisode d’une crise qui se prolongera. Il n’est pas sans intérêt d’en étudier le détail et d’en rechercher l’origine.
Si le conflit est d’hier, les causes en remontent loin. Il était en germe dans la constitution, qui n’avait rien fait pour maintenir l’harmonie entre les pouvoirs publics. Il s’annonçait depuis longtemps déjà par la formation d’un parti d’opposition toujours grossissant, recruté, comme dans les autres pays scandinaves, parmi la classe la plus nombreuse, celle des paysans petits propriétaires. Enfin ce parti a eu la fortune de trouver un chef qui, par sa politique habile et patiente, a su discipliner la majorité, la convertir à son système et tirer avantage de tous les points faibles de la constitution pour forcer le gouvernement dans ses derniers retranchemens.