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des locations entre 70 et 100 francs. Les terres de 30 hectares représentent les quatre dixièmes. Le reste est en général contenu entre 6 et 20 hectares. — On voudrait que le progrès agricole eût marché partout comme dans cette région de Vitré, une des plus misérables autrefois, une des plus prospères aujourd’hui. Les arrondissemens de Fougères, de Montfort et de Redon n’en approchent pas. Dans le premier, le sol ne se prête pas toujours à recevoir les amendemens qu’il réclamerait. C’est un grand progrès pourtant que celui qui a fait augmenter le prix des terres des quatre cinquièmes en quarante ans. La moitié seulement de celui de Montfort offre une belle fertilité ; le reste est arriéré. Redon, le plus pauvre, le plus isolé naguère, a été vivifié par le chemin de fer ; à côté des terres de 100 hectares, qui y sont nombreuses, la petite propriété se développe et prospère. Enfin les populations qui cultivent la région semi-agricole, semi-maritime de Saint-Malo, ont autant et plus peut-être que la plupart des autres gagné en bien-être. — « Terre de granit où les moutons paissent le caillou, » a-t-on dit à propos de cette terre bretonne. Le mot est à peine vrai pour le canton de Questembert ; il est loin de l’être pour la majeure partie de cette région, où les moutons sont rares et où le granit, presque partout recouvert d’une épaisse couche d’excellente terre arable, ne se montre que sur la falaise.-— Le pays de Combourg ne justifie plus ce qu’en écrivait A. Young : « L’agriculture n’y est pas beaucoup plus avancée que chez les Hurons… L’aspect du village est repoussant… Il y a cependant un château et qui est habité. Quel est donc ce M. de Chateaubriand, le propriétaire dont les nerfs s’arrangent de tant de misère et de saleté ? » L’aspect s’est singulièrement amélioré et civilisé pour la campagne comme pour les villages. C’est celui d’un pays boisé, pittoresque, riche par places. La culture intensive en a métamorphosé une grande partie : sur d’autres points, les procédés restent un peu arriérés, mais partout on trouve des labours profonds et bien faits, et, outre les céréales, des plantes qui demandent du soin, comme le tabac, le colza, la betterave. — La propriété qu’on appelle grande, dans l’arrondissement de Saint-Malo, est de 35 à 50 hectares ; elle occupe 5 pour 100 seulement du nombre des domaines ; la moyenne est de 15 à 35, elle occupe 35 pour 100 ; on voit que c’est elle qui domine. La petite, de 15 à 5, est de 15 pour 100 seulement. Mais on doit y joindre une quantité de parcelles cultivées, qui le sont en général fort bien par la culture maraîchère, et qui ont été laissées en dehors de ces calculs. La pêche et l’ostréiculture jouent, dans cette région, un rôle important. Tandis que la culture enrichissait des stations de bains de mer de création nouvelle, comme Paramé, ces industries bien différentes transformaient d’autres populations, comme celles de Cancale et