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ticuliers qui lient l’Autriche à l’Allemagne depuis 1879. Le comte Kalnoky, pressé de questions, n’a point hésité à dire : « L’alliance avec l’Allemagne, qui, depuis des années, a eu tant de résultats salutaires, est désormais incontestable ; c’est la base solide et assurée de la politique pacifique, qui est le mot d’ordre de notre conduite à l’égard de toutes les puissances voisines. » En d’autres termes, pour l’Autriche, l’alliance avec l’Allemagne reste le nœud de toutes les combinaisons, le point central autour duquel rayonnent pour ainsi dire toutes les alliances. Si les Hongrois, toujours ombrageux du côté de la Russie, tenaient à avoir l’assurance que l’accord austro-allemand n’avait pas périclité à Skierniewice, ils peuvent être satisfaits.

C’est une situation qui n’est pas nouvelle, qui était indiquée par la force des choses et que M. le comte Kalnoky a attestée une fois de plus en mettant des nuances dans la manière dont il a parlé des rapports de l’empire austro-hongrois avec l’Allemagne, avec la Russie, avec l’Italie. Un seul fait a pu paraître à peu près nouveau dans ces récens débats de Buda-Pesth sur la politique autrichienne, et c’est l’ancien chancelier de l’empereur François-Joseph, le négociateur même de l’entente austro-allemande, c’est le comte Andrassy qui l’a révélé.. On avait demandé au comte Kalnoky s’il était vrai, qu’au moment où l’alliance des deux empires fut signée, en 1879, M. de Bismarck avait eu l’intention de soumettre le traité aux parlemens des deux pays, Le comte Andrassy, répondant pour le comte Kalnoky, a déclaré que M. de Bismarck avait eu, en effet, un instant cette pensée, qu’il en avait parlé, et qu’après réflexion il n’avait pas insisté. Ratifiée ou non par les parlemens de Vienne et de Berlin, l’alliance n’a pas moins existé depuis cinq ans ; elle existe encore dans toute sa force, avec toutes ses conséquences et ce n’est pas à Skierniewice qu’elle a péri. Quant aux autres puissances, qui n’ont qu’un rôle d’observation et d’expectative dans ces évolutions de politique, elle n’ont point évidemment à s’alarmer outre mesure d’une entente qui, de l’aveu des négociateurs, a été conçue pour la paix et qui ne peut vraisemblablement subsister que pour la paix.

Les confidences de M. de Bismarck compléteront peut-être un jour ce chapitre d’histoire diplomatique, sur lequel on revient si souvent, et révéleront les autres secrets, s’il y en a, si celui qui dispose de tous les secrets se croit intéressé à les divulguer. Pour le moment, l’Allemagne est plus occupée de ses affaires intérieures que de sa diplomatie, placée tout entière dans la main et sous la garde de son tout-puissant chancelier. Elle vient de passer quelques jours en agitations électorales pour le renouvellement du parlement de l’empire, du Reichstag, la seule assemblée allemande, on le sait, élue par le suffrage universel. Les élections sont à peu près achevées maintenant, sauf quelques scrutins de ballottage qui ne peuvent plus modifier