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s’ajouter les envois d’espèces en Égypte pour le paiement des frais de l’expédition du Soudan. Il a fallu porter le taux de l’escompte à 4 pour 100, puis à 5 pour 100, et l’on a craint même que ce ne fût pas assez. Jeudi dernier cependant, il ne s’est point produit une nouvelle élévation. Il faudra peut-être aller à 6 pour 100 au cours du mois de novembre; on ne croit pas, en tout cas, que cet accès de cherté d’argent se prolonge longtemps; du moins la spéculation haussière ne paraît pas le considérer comme un danger très redoutable; elle n’a vu dans la hausse momentanée du loyer de l’argent qu’un motif de prudence.

N’eût été ce resserrement sur le marché monétaire, il est probable que les informations qui ont été publiées depuis le commencement du mois sur la probabilité d’un prompt arrangement du conflit franco-chinois, auraient plus que contre-balancé l’effet de l’apparition du choléra à Paris. Pendant quelques jours, on a annoncé que la médiation de l’Angleterre allait amener à très bref délai la signature de la paix. Il a fallu reconnaître que les choses n’étaient pas aussi avancés. Il n’y avait pas de médiation anglaise; mais le gouvernement britannique, comme le déclarait lundi lord Granville au banquet du lord-maire, était tout disposé à prêter ses bons offices aux deux belligérans. En attendant que l’occasion se présente de recourir à ce mode de pacification, des négociations directes paraissent avoir été engagées entre Paris et Pékin. M. Patenôtre doit voir Li-Hung-Chang à Tientsin; ou croit qu’il est autorisé à abandonner, sous une forme ou sous une autre, sinon le principe même d’une réparation, du moins nos exigences primitives touchant une indemnité pécuniaire. Ces négociations ne paraissent malheureusement pas prendre un caractère bien défini. Le parti de la guerre chinois fait déclarer par certains organes complaisans en Europe que la Chine n’est nullement disposée à consentir à une occupation, même temporaire, de Formose, et qu’elle se prépare énergiquement à la continuation de la lutte.

Ainsi les raisons ne manquent pas aux haussiers d’agir avec prudence; ils ont à lutter contre le choléra, contre la hausse du prix de l’argent et contre l’obstination des Chinois. Ils ont pour eux le caractère de grande bénignité de l’épidémie, la chance que le taux de 5 pour 100 à la Banque d’Angleterre suffise à toutes les nécessités du moment, l’intérêt incontestable de toutes les puissances commerçantes de l’Europe à voir cesser les hostilités avec la Chine.

Mercredi dernier, les baissiers avaient réussi à faire reculer le 4 1/2 à 107.40. Un retour offensif des acheteurs a ramené le cours de 107.60. Les deux 3 pour 100 ont à peine reculé sur les prix de compensation du 2 novembre. Le 4 1/2 ancien est toujours faible, entre 103 et 104. iL a été entendu entre la commission du budget et le ministre des