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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/119

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LES
BALLONS


I

Pierre Montgolfier, riche fabricant de papier à Vidalon-lès-Annonay, eut un grand nombre d’enfans. Nous n’en connaissons que deux, Joseph et Étienne. Joseph, l’aîné, né en 1740, avait, paraît-il, un caractère fort indépendant et presque sauvage ; il s’échappait à treize ans du collège de Tournon pour aller vivre de coquillages au bord de la mer. Retrouvé bientôt, dans un grand délabrement, et réintégré dans sa pension, il y rapporta le même dégoût des études littéraires qu’on lui imposait et qu’il détestait. En revanche, il fut pris d’un sérieux enthousiasme pour les mathématiques, la physique et la chimie, et, quand il se sauva une deuxième fois, c’était pour fabriquer du bleu de Prusse et diverses drogues qu’il vendait lui-même. Étienne, au contraire, de cinq ans plus jeune, écolier modèle, réglé dans ses goûts, promettait de devenir et fut toute sa vie un homme du monde accompli, un littérateur plutôt qu’un savant.

C’est Joseph qui eut la première idée des ballons. On raconte diversement comment elle lui vint ; les uns disent, — il faut