du monde et avec l’équilibre dans son budget. Tout attestait une prospérité renaissante. Les affaires religieuses restaient sous l’empire d’une loi souveraine qui a donné près d’un siècle de paix à la France. Nulle difficulté sérieuse d’administration. Les républicains, s’ils avaient eu un peu de prudence et d’esprit politique, n’avaient évidemment, en entrant au pouvoir, qu’à s’inspirer d’une situation où le pays ne demandait qu’à vivre en paix, de sa vie laborieuse et honnête, sans fifre tourmenté. Tout leur était facile. Qu’il y eût, dans l’organisation judiciaire, administrative ou militaire, et même dans les finances, des réformes désirables, rien de plus simple ; on pouvait préparer ces réformes avec maturité, les réaliser par degrés dans l’intérêt unique et supérieur de la France, avec le concours de tous les hommes éclairés et dévoués avant tout à leur pays. On pouvait résoudre Ce problème, insoluble pour les sceptiques, de donner à la république nouvelle une politique réellement nationale, sans arrogances de parti et sans passions de secte, sans exclusion et sans turbulentes témérités. C’était assurément possible. On a fait tout le contraire, et les républicains, qui avaient eu cette chance de n’avoir pas besoin de violences pour conquérir le pouvoir, semblent s’être proposé de prendre leur revanche quand ils ont été au gouvernement. Ils ont attendu d’être libres avec leur majorité, d’avoir la main sur le pouvoir, sur le budget, pour montrer qu’ils n’avaient pas changé, qu’ils étaient toujours les mêmes, et ils ont inauguré l’ère des destructions inutiles, des persécutions religieuses, des exécutions discrétionnaires et administratives, des dépenses ruineuses, du favoritisme de parti dans les distributions des pensions et des emplois.
Eh bien ! c’est fait, et à ce moment même où s’ouvre sans éclat une session qui va être la dernière d’une législature de quatre ans, les résultats sont palpables. Ils sont écrits dans la situation même du pays, dans toutes les œuvres d’une politique, qui, après s’être donnée comme réformatrice, après avoir prétendu illustrer son règne par les grandes entreprises, n’a été au bout du compte qu’un mélange d’agitation et d’impuissance, une série de concessions au radicalisme révolutionnaire. Les républicains ont si bien fait qu’ils ont conduit la France en quelques années à la nécessité de nouveaux impôts pour couvrir les déficits qu’ils ont accumulés ou pour suffire à des prodigalités imprévoyantes, et si cette nécessité n’est point encore avouée, c’est qu’on craint de montrer au pays, à la Veille des élections, comment sa fortune a été gérée. On recule devant l’aveu de cette cruelle extrémité des nouveaux impôts ; on n’a pas pu même arriver en pleine paix au vote d’un budget régulier, et, pour la première fois, depuis qu’il y a des régimes libres en France, on a imaginé, sans tenir compte des plus simples garanties publiques, cet expédient d’une provision d’un milliard attribuée à un ministère pour les services