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de trois mois. C’est le dernier mot de la politique financière des dernières années, qu’il aurait été facile, on en conviendra, de mieux employer. Ce n’est pas tout. Là où l’on aurait pu certes défendre loyalement les droits légitimes de la société civile sans offenser les consciences, sans attrister une portion considérable de la population française, on a préféré mettre la guerre de secte, le trouble, et on en est même encore à savoir si les étranges novateurs de la commission du budget et de la chambre ne réussiront pas à se servir du concordat contre le concordat lui-même, pour achever la désorganisation des cultes. Le sénat a jusqu’ici résisté à demi ; les novateurs espèrent que les sénateurs qui vont être élus dans dix jours leur donneront la satisfaction de s’associer à la guerre déclarée au budget des cultes, et s’il en était ainsi, le nouveau sénat serait relevé d’un seul coup ! Là où l’on aurait pu assurément réaliser des réformes utiles dans l’administration judiciaire, on a mieux aimé procéder par les épurations à outrance, par les représailles intéressées de parti, au risque d’avoir une magistrature nouvelle affaiblie et une justice diminuée, atteinte dans son autorité. Au lieu de rechercher l’appui, les conseils des hommes de modération et de prudence qui, après tout, avaient contribué à faire accepter la république par le pays, on s’est hâté de les exclure, de les mettre presque en interdit ; on les a traités en suspects comme de simples réactionnaires ou de simples cléricaux qui n’avaient plus de place dans l’orthodoxie républicaine. On a réveillé en eux ces sentimens de juste sévérité, de découragement un peu amer qu’exprimait ces jours derniers encore un esprit des plus éclairés et des plus pratiques, M. Henri Germain, dans une lettre par laquelle il décline un mandat sénatorial dont il ne croit pas pouvoir se servir pour le bien du pays.

La modération exclue et suspecte, les finances compromises, la considération de la justice diminuée, la guerre dans les affaires religieuses et le trouble dans les consciences, les lois méconnues, la confusion dans les idées, la société française tout entière inquiétée dans ses sentimens de sécurité par le spectacle de toutes les violences aussi bien que par la médiocrité agitatrice et impuissante de ses législateurs, c’est donc là le dernier mot d’un règne de quelques années. Et si devant ces résultats assez sérieux pour donner à réfléchir, on veut savoir les remèdes que certains républicains ont à proposer, on n’a qu’à lire les consultations que M. Paul Bert va donner en province, qu’il donnait hier à Lyon. La raison d’un état de crise qu’il ne conteste pas, est, pour lui, bien facile à trouver. Le mal, c’est qu’on n’est pas allé encore assez loin dans la voie de la politique radicale ; c’est que M. Jules Ferry n’est qu’un modéré qui s’est sournoisement approprié la majorité républicaine pour suivre tout un système de réaction. C’est là le mal l Le remède est bien simple et plus facile encore à