Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/802

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont repoussé, vers la fin de mai 1573, Montgomery et la flotte anglaise, prêts à ravitailler, sans leur intervention, le port de La Rochelle ? »

En 1621, Louis XIII résolut d’en finir avec cette place forte toujours insoumise. Pour en venir à bout, il eut recours aux galères de Marseille. Dix galères passèrent le détroit et allèrent relâcher à Lisbonne. Le mauvais temps les y retint tout l’hiver. Le 10 avril 1622, elles purent enfin partir ; à la fin de mai, elles arrivèrent sur les côtes de France. Les rebelles assemblèrent soixante-dix vaisseaux : le roi n’en avait que soixante-cinq ; il possédait heureusement aussi dix galères. On alla chercher les ennemis : on les trouva mouillés sur la rade de l’Ile de Ré, au-dessous de Saint-Martin. Aussitôt que la flotte anglaise s’aperçut qu’on faisait avancer contre elle les bâtimens à rames, elle mit à la voile. M. le duc de Guise monta sur la réale, rangea sur une ligne de front ses galères, les mettant à 20 toises environ l’une de l’autre. De leur première décharge, les canons de coursie firent un gros fracas. Les Rochelais pourtant avaient réussi à gagner le vent. Quand ils se furent approchés à portée de mousqueterie des vaisseaux, ils se crurent assez forts pour donner l’abordage. L’avant-garde soutint généreusement l’assaut : Deux galères remorquèrent alors en cet endroit le galion de Malte, et certes le galion n’y fut pas d’un petit secours. Les Anglais perdirent dix navires et près de deux mille hommes. La flotte du roi n’eut à regretter la perte d’aucun vaisseau ; elle n’eut que quatre cents tués ou blessés.

Le 1er septembre 1638, un combat non moins rude s’engageait devant Gênes. Les capitaines espagnols, mouillés sur la rade de Vado, ne pouvaient se résoudre à combattre : leurs galères étaient cependant renforcées d’infanterie et leur général leur avait déclaré ouvertement « qu’il demandait leur obéissance plutôt que leur avis. » La capitale d’Espagne fut prise par la capitane de France, après deux heures d’engagement, l’épée à la main ; la patrone de France emporta la patrone de Sicile ; la Cardinale enleva la patrone d’Espagne ; la Richelieu s’empara de la Sainte-Francisque. M. le commandeur de Vincheguerre se rendit maître de la Bassiane avec beaucoup de vigueur et de perte ; la Sainte-Marie dut céder à l’Aiguebonne. La Valbelle, il est vrai, la Servienne et la Maréchale, restèrent au pouvoir des Espagnols : mais quelles héroïques défenses ! M. de Valbelle tint longtemps en échec trois galères qui l’avaient abordé : il ne perdit son bâtiment qu’avec la vie. Les capitaines de la Maréchale et de la Servienne furent mortellement blessés.

Le 27 mars 1641, l’archevêque de Bordeaux envoyait cinq de ses