des désastres d’un caractère dramatique et douloureux. L’intérêt d’une telle étude est d’ailleurs rehaussé par les connaissances qu’elle nous apporte sur la constitution de l’écorce terrestre, connaissances qui, s’accroissant sans cesse, nous mettent à même de mieux saisir certaines parties du mécanisme de ces perturbations souterraines.
Depuis deux mille ans et plus, l’homme s’inquiète de l’instabilité du sol qui le porte. L’imagination des poètes a voulu voir dans cet ébranlement le résultat d’une lutte des Titans et d’un dieu supérieur. De leur côté, les philosophes ont cherché à les expliquer par le jeu des forces naturelles. Un de ceux qui résument les tentatives qu’a faites la raison savante des anciens pour expliquer un sujet si obscur, Sénèque, dans ses Questions naturelles, a magistralement résumé les connaissances de son temps : « Les causes de ces agitations, dit-il, méritent d’être approfondies. — Mais, direz-vous, que m’en reviendra-t-il ? — Un avantage au-dessus duquel il n’est rien : la connaissance de la nature. » Puis, après avoir discuté les opinions d’Aristote, de Théophraste, de Thaïes de Milet, de Démocrite, d’Épicure, d’Anaximène, d’Anaxagore et d’autres philosophes grecs, Sénèque conclut que « la cause des tremblemens de terre n’est ni le feu ni l’eau, mais l’air, qui est naturellement rapide et mobile ; qui, si tout moyen de fuir lui est enlevé, ébranle les montagnes au point de les briser, d’autant plus terrible que la lutte a été plus longue. Rien ne peut contenir une telle force. » Il est intéressant de mesurer la distance qui nous sépare de tels essais, souvent et vainement renouvelés jusqu’à notre siècle, faute d’observations exactes et méthodiques comme celles qui servent aujourd’hui à nous guider.
Parmi les tremblemens de terre les plus récens et les plus voisins de nous, on se rappelle celui qui a bouleversé la plus grande partie de l’Ile de Chio. Le 3 avril 1881, vers une heure quarante minutes de l’après-midi, une violente trépidation vint secouer la ville de Chio, ainsi que trente ou quarante bourgs et villages du sud de l’Ile. Les maisons ébranlées et lézardées se soutenaient encore lorsque, quelques minutes après, il survint une seconde secousse, aussi violente que la première, qui acheva l’œuvre de destruction. C’est alors que cinq mille victimes furent enfouies sous les décombres ; un peu plus tard, quatre mille personnes devaient y trouver aussi la mort. En effet, à peine commençait-on à se rassurer que d’autres chocs, aussi violons que les premiers, mirent le comble à la terreur qui s’était emparée de toute la population. La stupeur augmentait à