Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 68.djvu/610

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Antérieurement, l’île d’Ischia avait souvent éprouvé des tremblemens de terre : l’un, à la date du 2 février 1828, fut particulièrement violent ; un autre était survenu le 4 mars 1881. Presque tous ont été funestes à Casamicciola ; cela s’explique par sa situation sur des fractures, ainsi que par la nature argileuse et peu cohérente du sol, où les édifices souffrirent beaucoup plus que ceux qui reposaient sur lu roche massive. Quelle que soit leur intensité, les tremblemens de terre d’Ischia sont généralement localisés sur un espace très circonscrit. C’est à peine si, lors de celui de 1883, quelques frémissemens ont été ressentis sur la côte d’Italie, qui n’en est distante que de quelques kilomètres.

Naples se dresse et s’étale fièrement près de ce formidable foyer d’agitation et plus près encore d’un autre foyer, le Vésuve, bravant des secousses qui paraîtraient devoir la menacer, mais qui le plus souvent l’effleurent à peine. C’est ainsi que cette belle Parthénope ne fut presque pas touchée quand, dans les années 50 et 63 de notre ère, de violons tremblemens de terre secouèrent la Campanie et détruisirent deux villes populeuses, Pompé et Herculanum ; cette dernière, à 9 kilomètres seulement de ses murs. Naples restait de nouveau indemne, lorsque, peu d’années après, en l’an 79, eut lieu l’explosion dont les agitations sourdes étaient comme le prélude : cette première éruption du Vésuve, la plus terrible qu’aient vue ces dix-huit siècles, ensevelit sous d’épaisses déjections volcaniques les deux malheureuses villes à peine rebâties. Quoique plus tard Naples n’ait pas toujours eu le privilège d’échapper ainsi au danger, on peut dire que l’emplacement de cette ville a été choisi avec un heureux instinct, non-seulement pour les sites admirables qui l’encadrent, mais aussi au point de vue de la sûreté relative de ses constructions, dont aujourd’hui les étages nombreux s’élèvent audacieusement, oubliant les dommages considérables que les édifices antérieurs ont subis, notamment dans les années 1349, 1456, 1688 et 1732. C’est ainsi que tout s’oublie.

Moins d’un mois après les secousses d’Ischia, les 26, 27 et 28 août, survint une gigantesque explosion dans une autre île volcanique, celle du Krakatau, près Java. Cette catastrophe doit être mentionnée ici, à cause de la connexion qui la rattache aux tremblemens de terre proprement dits. Les écroulemens de montagnes, sur l’emplacement desquels s’étend aujourd’hui une mer profonde ; la prodigieuse abondance de pierres ponces et de déjections solides sorties de la bouche volcanique, qui ont causé au loin une nuit intense pendant plusieurs heures et dont le volume a été évalué à 18 kilomètres cubes ; les parties les plus fines, qui, répandues dans l’atmosphère, en ont troublé la transparence pendant des semaines, et les lueurs