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La durée des chocs est ordinairement très courte, quelquefois une seconde ou deux. Les mouvemens ondulatoires se prolongent davantage, ainsi qu’il est facile de le comprendre. Quelques instans suffisent pour produire les effets désastreux dont il vient d’être question. Trois coups, estimés chacun à quatre secondes, causèrent la mort de plus de vingt mille personnes, le 26 mars 1812, dans la contrée de Caracas, et le bouleversement de la contrée de Riobamba, en 1797, fit aussi soudainement trente mille victimes. Aucune autre force naturelle ou artificielle, ne peut, en un temps si court, briser plus d’existences, ni accumuler tant de ruines. Ainsi, le 9 janvier 1693, quarante-neuf villes et de nombreux villages de la Sicile furent renversés et ensevelirent quatre-vingt-treize mille personnes. Moins d’un siècle après, le 5 février 1783, un désastre semblable, dans le même pays, particulièrement en Calabre, faisait presque autant de victimes. Comme plus meurtriers encore, on peut citer le tremblement de terre qui eut lieu l’an 19 sous Tibère, en Italie, et celui qui se fit sentir vers l’an 52, sous l’empereur Justin, en Asie Mineure et en Syrie et qui rasa Antioche ; chacun de ces tremblemens de terre coûta, croit-on, la vie au moins à cent vingt mille habitans.

Quelque écrasans et désastreux par rapport à nos personnes et à nos édifices que puissent être les tremblemens de terre, il faut bien reconnaître cependant que l’amplitude de leurs mouvemens les plus accentués est complètement insignifiante par rapport aux dimensions du globe dont ils font vibrer l’épiderme.

Rarement un tremblement de terre est limité à une seule secousse. Ordinairement il y en a plusieurs qui se succèdent à de courts intervalles. Dans bien des cas, les mouvemens se réitèrent pendant des mois et même des années, avec des pauses d’une durée variable, de manière à former jusqu’à leur extinction totale un ensemble que l’on peut appeler période seismique.

Quelques exemples sont nécessaires pour donner une idée de ces successions d’ébranlemens, qui constituent un des traits les plus caractéristiques des tremblemens de terre. A la suite de la secousse qui, le 18 août 1851, transforma la ville de Thèbes en un monceau de ruines, des commotions agitèrent la Béotie pendant environ onze mois, se succédant jusqu’à trois fois en vingt-quatre heures ; puis elles cessèrent graduellement. De longues séries de secousses ont ébranlé une partie de l’Ecosse pendant plus de deux ans, du 30 octobre 1839 au 7 décembre 1841 ; elles partaient d’un point situé dans le Perthshire, près de Comrie, localité qui déjà antérieurement avait été un centre de commotions. Il en a été de même en Croatie, aux environs de Fiume, du 1er mars au 12 juin