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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 68.djvu/625

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43e degré de latitude ; la cime de l’un d’eux, l’Aconcagua, atteint aussi l’énorme hauteur de 6,827 mètres. Les conditions sont toutes différentes à l’est de la Cordillière, où de vastes contrées, comme le Brésil, ne connaissent pas les tremblemens de terre. Plus au nord, dans l’isthme qui réunit les deux continens, il existe des pays où les secousses sont si fréquentes que l’un d’eux a reçu le nom de « Cuscutlau, » qui veut dire hamac ; le seul état de Nicaragua compte vingt-quatre volcans.

De l’autre côté du Grand-Océan, le long des côtes de l’Asie, se trouvent de nombreux pays très tourmentés, également en rapport avec des volcans. Ils s’alignent suivant une zone longue d’environ 14,000 kilomètres, c’est-à-dire égale à plus du tiers de la circonférence du globe terrestre. Cette zone commence dans la baie de Bengale à l’Ile Barren, traverse Sumatra, Java, les Moluques, les Philippines, se relie, par l’Ile de Formose et les petits archipels voisins, au Japon, puis aux Kouriles, au Kamtchatka et se termine dans le nord de l’Amérique aux îles Aléoutiennes. Or, dans toute cette série de grandes îles et de péninsules, les volcans sont extrêmement nombreux et fort actifs. Prenons comme exemple le Japon, où depuis dix ans les tremblemens de terre sont l’objet d’études approfondies et de publications pleines d’intérêt, sous la direction de M. John Milne. On peut dire que ce pays, avec ses quarante et un volcans, dont dix-sept actifs, est à chaque instant secoué ; car, pendant les années 1882 et 1883, il a éprouvé en moyenne une ou deux secousses par jour, et bien que la plupart ne soient pas très violentes, il en est arrivé de désastreuses, comme celles qui, le 11 novembre 1855, ont détruit cent mille maisons et quarante temples, en écrasant trois mille personnes. De même, aux Philippines, les mouvemens du sol sont continuels. Le séismographe de l’observatoire de Manille est sans cesse en mouvement, même quand le sol parait tout à fait stable, et il ne se passe pas une année sans que quelque province y soit très fortement éprouvée par des tremblemens de terre, comme ceux qui ont frappé la capitale en 1863 et en juillet 1880.

La connexion entre les crises de tremblemens de terre et les crises volcaniques se révèle encore par des rapports autres que celui de leur répartition géographique. Elle se montre aussi par l’alternance que présente leur fonctionnement. On sait, en effet, que toute éruption volcanique est annoncée par des tremblemens précurseurs, dont la violence se calme quand une bouche volcanique vient à s’ouvrir et donne naissance à des torrens de vapeur d’eau. C’est après quatre-vingt-dix jours de secousses et de tonnerres souterrains que, le 29 septembre 1759, surgit tout à coup au Mexique, au milieu d’une plaine, le volcan de Jorullo, jusqu’à la hauteur de 510